Enseignement : Du " Lang " sauce Allègre douce14/04/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/04/une-1657.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Divers

Enseignement : Du " Lang " sauce Allègre douce

Après avoir reçu les syndicats, le mardi 4 avril, le nouveau ministre de l'Éducation nationale Jack Lang, annonçait à grand renfort de publicité qu'il avait mis fin à la crise dans les lycées professionnels. Jean-Luc Mélenchon, le tout nouveau ministre délégué à l'Enseignement professionnel, renchérissait aussitôt : " Il n'y a plus ni annualisation, ni globalisation, ni flexibilité, ni pondération ". Ce ne sont pourtant que des effets d'annonce. Lang a d'ailleurs été prudent : ces réunions avec les syndicats et ces déclarations ont été faites alors que les enseignants de la région parisienne et de Bordeaux étaient en vacances.

En effet, quelles sont donc ces " nouvelles " mesures proposées par Jack Lang et Mélenchon ? Le décret sur le statut des professeurs de lycées professionnels que Lang va proposer le 13 avril au Comité technique paritaire ministériel (CTPM) est la copie du décret proposé à Allègre au CTPM du 6 mars, et qui avait provoqué, ou renforcé, la colère des enseignants du professionnel. Un paragraphe certes disparaît, concernant la variation du service hebdomadaire des enseignants de 15 à 21 heures, mais il est remplacé plus loin par un autre paragraphe sur la possibilité de report des heures dans la limite de trois heures sur une autre semaine !

Lang ne revient pas plus sur les diminutions des heures d'enseignement prévues pour les élèves de BEP et de BAC Pro, diminutions contenues dans la réforme, la charte de l'enseignement professionnel intégré dont les enseignants en lutte veulent le retrait. Ces diminutions d'horaires pour les jeunes du professionnel ont contribué à faire monter le mécontentement parce qu'elles ne font qu'enlever à ces élèves la possibilité de se former, de se cultiver, et renforcent par là les inégalités dans l'éducation.

Lang ne crée pas non plus les postes dont l'Éducation nationale a besoin. Il n'envisage même pas de créer les 5 000 postes qui seraient nécessaires simplement pour que les professeurs d'atelier puissent réellement passer de 23 heures à 18 heures. Il a annoncé 350 millions pour la rentrée 2000 : 350 millions sur le milliard proposé par Jospin, dont 200 millions seulement pour l'enseignement, ce qui est au maximum l'équivalent de 1 000 postes. Mais ce qui est prévu, ce ne sont même pas des créations de postes, mais des saupoudrages d'heures supplémentaires ou d'heures données à des vacataires, ces précaires embauchés massivement par l'Éducation nationale ces dernières années, qui sont payés à l'heure, et qui peuvent être licenciés n'importe quand. Ce sont des dizaines de milliers de postes qu'il faudrait créer, il faudrait - et là-dessus non plus Lang ne recule en rien - titulariser tous les précaires de l'Éducation nationale, et ils sont nombreux, des dizaines de milliers également.

Jack Lang cherche à mener la même politique que son prédécesseur : faire par tous les moyens des économies sur le dos de l'Éducation nationale. C'est la politique de l'ensemble du gouvernement d'économiser de l'argent sur tous les services publics.

Toutes les revendications des enseignants restent donc encore à imposer. Ils appellent à continuer la lutte. Dans la région parisienne, des rassemblements sont prévus dès le 13 avril, devant le ministère, et aussi le 14 avril, ainsi qu'une manifestation le 20 avril, après les vacances de la région parisienne. Les enseignants ne se satisferont pas que Jack Lang leur joue du pipeau.

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