Crise avicole en Bretagne : Faillites et licenciements en cascade14/04/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/04/une-1657.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Crise avicole en Bretagne : Faillites et licenciements en cascade

Depuis le début du mois d'avril les 97 salariés de l'abattoir de volailles Feillet de Saint-Carreuc, près de Saint-Brieuc dans les Côtes-d'Armor, multiplient les manifestations pour protester contre les licenciements dont ils sont victimes et en dénoncer les responsables.

Devant les grilles de la préfecture de Saint-Brieuc, c'est aux cris de " Vends ton jet pour payer tes dettes " qu'ils ont rappelé que c'est le groupe Bourgoin, et son principal actionnaire, le sieur Gérard Bourgoin lui-même - qui se vante par ailleurs d'utiliser son jet privé pour se déplacer dans ses différentes entreprises installées aux quatre coins du pays - qui est directement responsable de la liquidation judiciaire de leur entreprise.

La fermeture de cet abattoir, pourtant présenté comme l'un des plus modernes du pays, n'est que la dernière conséquence du dépôt de bilan de la principale filiale de ce groupe volailler, numéro 2 du poulet en Europe derrière son compère et concurrent, le groupe Doux.

Le dépôt de bilan de la BSAD (Bourgoin SA Distribution), intervenu le 17 mars 2000, a entraîné, depuis, une série de fermetures, de mises en liquidation judiciaire de nombreuses entreprises liées à cette société. Plusieurs centaines d'emplois sont aujourd'hui menacés tandis que de nombreux aviculteurs, qui travaillaient directement avec la BSAD, ne reçoivent plus de poussins ou n'ont pas été payés pour leurs dernières livraisons aux abattoirs et se trouvent ainsi en grande difficulté.

Le 21 mars, la société Breizh-Production, employant 34 salariés dont une quinzaine au couvoir de Cléden Poher, dans le Finistère, était liquidée. Le 22 mars c'était au tour de Breizh-Al', fabriquant d'aliments pour volailles à Plounérin dans l'Ile-et-Vilaine, employant 25 salariés, d'être mis en redressement judiciaire. Le 28 mars, la société de transport LEDT travaillant pour l'abattoir Tilly-Sabco de Guerlesquin (Finistère), autre propriété du groupe Bourgoin, 92 salariés, essentiellement des chauffeurs routiers, déposait son bilan. Le même jour l'entreprise Argoat-Plastique de Guerlesquin également, spécialisée dans la fabrication de sacs plastiques pour poulets, procédait à 4 licenciements. Le 31 mars l'abattoir Tilly-Sabco de Plouay (Morbihan), dont Bourgoin est actionnaire, fermait à son tour ses portes, entraînant 230 suppressions d'emplois. Ainsi d'ailleurs que les abattoirs de volailles de Vannes et de Carhaix, qui, eux, appartiennent au groupe Doux.

Bref, la liste des suppressions d'emplois s'allonge de semaine en semaine ; salariés et petits aviculteurs en sont les principales victimes.

Le groupe Bourgoin, dont le dépôt de bilan de sa principale filiale, la BSAD, est contesté par plusieurs coopératives agricoles, car il leur laisse plusieurs centaines de millions de francs de dettes, a déclaré qu'il veut scier ce qu'il appelle avec cynisme " les branches mortes " de son empire financier.

Au cours de plusieurs manifestations, les salariés et petits aviculteurs liés à ce groupe ont dénoncé les millions de subventions publiques que Bourgoin a empochés pour le rachat de différentes entreprises, prétextant bien entendu à ce moment la défense de l'emploi. Car c'est de cette manière que ce patron a bâti son empire et a pu devenir un " nouveau riche " comme le rappelait l'émission Capital du 2 avril.

Les salariés de chez Feillet, mais aussi ceux des autres entreprises touchées, se battent maintenant pour retrouver un emploi. Des propositions de reclassement leur ont été faites de la part de plusieurs groupes de l'agro-alimentaire, mais ne correspondent pas, la plupart du temps, à ce qui serait nécessaire : mutations trop éloignées de leur domicile, qualifications incompatibles... En tout cas, c'est la mobilisation de ces salariés, qui ne considèrent pas leur licenciement comme une fatalité, qui leur a permis d'obtenir qu'ils ne se retrouvent pas sans rien, et ils n'ont pas encore dit leur dernier mot.

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