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- Lutte ouvrière n°1656
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Leur société
Une bavure encouragée par les autorités
" La loi c'est moi, pas de chance ! " a crié le policier qui contrôlait de façon musclée plusieurs femmes marocaines en voiture durant la nuit du 1er au 2 avril, à Ris-Orangis, en banlieue parisienne. Pas de chance pour lui, car la scène était à ce moment précis filmée des fenêtres de l'immeuble voisin par un jeune homme attiré par les bruits de l'altercation.
Cette nuit-là donc, cinq femmes revenaient en voiture d'un mariage. Contrôle de police : la conductrice n'ayant pas les papiers de la voiture qui appartient à son frère, a donc proposé de téléphoner à sa famille pour qu'on vienne les lui apporter. Une solution simple, mais comme le groupe de femmes avait affaire à un policier, d'une patrouille de trois " justiciers ", imbu de son autorité, et de surcroit raciste, celui-ci a refusé. Le ton a alors monté, et c'est là que le jeune voisin est arrivé avec son camescope. Bien qu'une policière ait tenté de s'interposer, le policier a frappé la jeune conductrice, enceinte. A la suite de quoi, pas moins de neuf voitures de police sont arrivées sur les lieux et la conductrice interpellée a passé la journée suivante en garde à vue. Voilà qui était sans doute plus simple, plus humain et plus économique que le coup de téléphone proposé au début !
La conductrice aurait parfaitement pu être poursuivie pour rébellion à agent ou quelque motif du même genre et être ensuite condamnée, comme cela s'est fait d'innombrables fois dans des affaires similaires. Heureu-sement la diffusion de l'enregistrement visuel et sonore dans les médias a évité une telle issue. La jeune femme a été relâchée et c'est le policier qui est, pour le moment, relégué aux travaux administratifs.
Les représentants de la police se sont empressés de déclarer que cette malencontreuse bavure ne signifait pas que tous les policiers étaient racistes et violents. Bien sûr, seulement ce genre de bavure ne provient pas que des policiers, mais aussi du fait que certains se sentent encouragés par l'attitude des autorités qui, dans la plupart des cas, les couvrent.
Ainsi les tribunaux condamnent quasi systématiquement les victimes de violences policières pour rébellion, lorsque les policiers portent plainte, ce qui arrive souvent, surtout si la victime a elle-même porté plainte. Les tribunaux, dans une multitude de procès, ont fait la démonstration, aux yeux des policiers, que ces derniers bénéficiaient d'une quasi-impunité, parfois même lorsqu'il y avait mort d'homme. Quoi d'étonnant à ce que certains de ces derniers se croient tout permis. Même les ministres de l'Intérieur ont, eux aussi, couvert leurs subordonnés. Chevènement ne fait pas exception à la règle qui a certes déploré " un fait malheureux " et les " mots inacceptables " du policier, mais sans dire un mot sur le coup porté ni sur la garde à vue d'une journée pour défaut de présentation de carte grise !
Alors quand il arrive qu'un policier dise " la loi c'est moi ", le drame, c'est que le plus souvent c'est la réalité.