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SAMU de Pontoise (95) : Une catastrophe évitée ?
Depuis des années la situation du SAMU de Pontoise ne cesse de se dégrader, les directions du service et de l'hôpital cherchent, comme ailleurs, par tous les moyens à faire des économies. Ils sont ainsi parvenus à mettre le service au bord de la rupture dans tous les domaines.
Le SAMU, c'est d'abord un standard téléphonique. Dans la salle de régulation, les "permanenciers" décrochent les téléphones, notent les coordonnées des patients puis envoient des moyens de secours adaptés à leur demande ou passent l'appel aux médecins "régulateurs" qui décident finalement ce qu'il faut faire. Pontoise dispose également de deux équipes d'intervention pour les adultes et d'une équipe pédiatrique. Ces équipes, composées d'ambulanciers, d'infirmiers et de médecins, doivent intervenir rapidement à l'extérieur de l'hôpital sur des patients en situation grave.
Les véhicules auraient dû être tous remplacés depuis des années, les locaux sont dans un état lamentable, mais le pire, c'est le manque d'effectifs généralisé du service.
Il manque des permanenciers : on a pu chronométrer en décembre sur un appel, un délai d'attente supérieur à quinze minutes avant que quelqu'un puisse décrocher. Il manque des infirmiers : des interventions doivent se faire sans. Le médecin et l'ambulancier se débrouillent alors comme ils peuvent, ce qui au minimum leur fait perdre du temps dans des situations où quelques minutes peuvent être vitales pour le patient. Il manque des médecins : en dehors du pédiatre, quatre médecins de permanence sont nécessaires et ils ne sont bien souvent que trois.
C'est de ce côté-là que la coupe a débordé cette fois-ci. Les médecins sont pour la plupart des vacataires, sans perspective d'embauche stable. A trois, la charge de travail est souvent épuisante et cela rend impossible d'effectuer correctement le travail en régulation où le médecin se retrouve seul. Les médecins écoeurés quittent le service les uns après les autres, et il est impossible dans ces conditions d'en recruter de nouveaux. Certains ont dû multiplier les gardes, toute réflexion médicale est abandonnée, le service tourne au jour le jour, et, depuis mars, les jeunes médecins en formation dans le service ont dû eux aussi prendre des gardes.
En décembre les médecins vacataires se sont mis en grève avec ceux du SAMU du 93, ce qui a permis d'obtenir des nouveaux postes de médecins. Mais ces nouveaux contrats étaient définis de façon totalement inadaptée au service et n'intéressaient personne. Les médecins, sceptiques, avaient accepté alors d'attendre trois mois pour voir si ces postes attireraient des postulants.
Or, durant ces trois mois, trois médecins ont quitté le service sans que personne ne soit venu pour occuper les nouveaux postes.
Le 14 mars, six médecins ont annoncé leur démission " devant l'impossibilité de garantir la qualité et la sécurité des soins ". "A partir du 1er avril les médecins démissionnaires n'assureront plus leurs gardes", ont-ils écrit au directeur de l'hôpital.
Durant quinze jours, ces médecins sont intervenus pour informer de la situation les journaux, les responsables médicaux de l'hôpital, les responsables politiques. Une pétition, à l'initiative des syndicats, a été largement signée par les travailleurs de l'hôpital.
Finalement, le 30 mars, la direction a cédé. Les salaires des médecins ont été revalorisés de plus de 20 % et les nouveaux contrats ont été adaptés aux conditions du service.
Les six médecins, considérant que " ces modifications nous paraissent susceptibles d'attirer de nouveaux médecins et ainsi de sortir de la situation de crise que nous connaissons", ont accepté de reprendre leur démission.
Bien des problèmes du service ne sont pas réglés, une lutte locale, minoritaire, d'une seule catégorie de personnel ne pouvait avoir que des résultats limités. Mais ces médecins ont indéniablement obtenu une victoire grâce à leur détermination.