Le Conseil régional de Bretagne arrose les patrons... les profits poussent !07/04/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/04/une-1656.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Le Conseil régional de Bretagne arrose les patrons... les profits poussent !

Au Conseil régional de Bretagne comme dans tous les autres Conseils régionaux, plusieurs sessions ont été consacrées au budget 2000 et au contrat de plan Etat/Région. En Bretagne, le budget a été voté, comme l'an passé, grâce à l'abstention bienveillante du PS. Comme l'an passé aussi, Le Drian (chef du groupe socialiste) avait menacé de voter contre, mais après des tractations de couloirs avec De Rohan (président RPR), et un simulacre de débat, il a finalement considéré qu'il y avait des " avancées non négligeables " et dit qu'il ne voulait pas "bloquer les institutions ".

La droite et le PS se sont même entendus pour repousser des amendements du PC et de TEAG (Tous Ensemble A Gauche) qui réclamaient le transport gratuit pour les chômeurs, renvoyant cette question... à plus tard.

Notre camarade Martial Collet, Conseiller régional Lutte Ouvrière, s'est employé à nouveau à dénoncer les multiples moyens qui, sous couvert de créations d'emplois, ne sont que prétextes à arroser, encore et toujours, les entreprises.

" Puisqu'il paraît que c'est la reprise économique, et que bien des entreprises affichent des profits à la hausse, et puisqu'elles disposent de moyens financiers importants, pourquoi continuer à soutenir financièrement les projets de ces entrepreneurs, eux qui sont pourtant tous si farouchement attachés à ce qu'ils appellent la liberté d'entreprendre et de commercer ?

La règle pour les collectivités publiques - Région comprise - devrait être de se refuser à intervenir afin de ne pas entraver cette fameuse liberté !

Eh bien non ! Une nouvelle fois, vous nous proposez de voter pour les différents programmes d'aides directes et indirectes aux entreprises, en ajoutant même deux nouveaux : la prise en compte du matériel d'occasion dans la base des avances remboursables et l'ouverture de l'aide au Bâtiment à tous les bâtiments n'ayant pas été aidés depuis plus de dix ans. Ces deux mesures correspondent exactement à ce que souhaitaient les patrons. D'ailleurs les représentants patronaux au CESR (Conseil économique et social régional) ont apprécié et l'ont dit. C'est la raison pour laquelle lorsque vous évoquez les créations d'emplois pour justifier les différentes aides que vous accordez aux patrons, je répète qu'il ne s'agit que de prétextes pour leur faire de nouveaux cadeaux.

Un exemple : vous avez accordé 800 000 F de prime à l'emploi à la société SDMO, or, de création d'emploi, il n'y en a eu aucune. Il s'agit simplement d'un transfert d'activité de l'usine de Trappes, dans la région parisienne, qui a fermé vers Brest.

Cette subvention prend un caractère encore plus indécent car cette entreprise, non contente de faire la chasse aux primes, fait également la chasse aux travailleurs qui revendiquent. En effet, une procédure de licenciement est engagée contre un militant qui avait participé à un mouvement de grève collectif pour l'augmentation des salaires.

Je trouve également particulièrement inadmissibles les aides versées aux trusts de l'agro-alimentaire, tels UNICOPA ou Bourgoin, qui ont empoché des millions d'aides publiques et suppriment aujourd'hui des centaines d'emplois. "

Notre camarade est à nouveau intervenu à propos de la MIRCEB (Mission régionale du commerce breton) qui sert de pompe à finance pour les entreprises désireuses de faire des affaires à l'étranger... et pour laquelle la justice ne s'est toujours pas prononcée sur la mise en examen de son ancien président.

"Cette fameuse MIRCEB est dirigée aujourd'hui par le patron Noël des chaussures du même nom, qui expliquait, il y a quelques mois, tous les avantages - financiers, bien sûr, car pour les emplois c'est catastrophique - qu'il y avait à délocaliser la production au Portugal et en Tunisie où la main-d'oeuvre est 4 à 5 fois moins chère qu'en France. (...)

Et après cela, vous nous direz encore que l'un des objectifs de la MIRCEB serait d'inciter à l'installation d'entreprises étrangères en Bretagne !

À qui voulez-vous faire croire cela ?

C'est pourquoi, outre la nécessité de faire toute la transparence sur les affaires passées de la MIRCEB, il n'est pas question d'accepter que la Région subventionne cet organisme. "

À propos de "l'intermodalité rail-route", selon le jargon employé, consistant à financer une plate-forme en gare de Rennes, destinée à convoyer une partie du fret par la SNCF, Martial Collet a déclaré :

" Il est urgent de soulager le réseau routier. Le nombre croissant de camions de plus en plus volumineux, dont certains transportent des produits dangereux, est une menace permanente pour la sécurité de tous les usagers de la route. Sans compter les conditions de travail démentes des chauffeurs routiers.

Le transport par rail diminuerait ces risques.

Or je constate une nouvelle fois que sous couvert "d'intermodalité rail-route", comme vous le dites, vous proposez "d'inciter" les patrons routiers, à coups de subventions, à acquérir le matériel permettant ce transport combiné.

Passe encore pour les petits entrepreneurs indépendants ! Mais les grosses entreprises de transports ont mille fois les moyens de s'équiper, sans faire appel aux fonds publics.

De plus, pour assurer en toute sécurité le transport de marchandises, il faudrait augmenter les personnels et les former, cela veut dire des embauches. Il faudrait également prévoir des budgets supplémentaires pour l'entretien et le contrôle du matériel, donc pas de fermetures d'ateliers d'entretien, et aussi faire en sorte que le contrôle du trafic soit effectué par des professionnels mais aussi par les usagers. Cela permettrait d'agir préventivement plutôt que d'attendre les catastrophes.

Alors, avant d'allonger les subventions aux patrons séduits par ce mode de transport, c'est les obliger à s'équiper qu'il faudrait faire, et à leurs frais. "

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