La transparence dans les entreprises ce n'est pas gagné07/04/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/04/une-1656.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

La transparence dans les entreprises ce n'est pas gagné

Ernest-Antoine Seillière, patron des patrons, et en même temps PDG de la Compagnie générale d'industrie et de participation (CGIP), vient d'annoncer que son revenu brut s'élèverait à plus de 7 millions de francs par an, soit 6,5 millions de francs net (ce qui montre, soit dit en passant, que les charges sont peu élevées sur les revenus patronaux). Ce salaire correspond à près de cent fois le SMIC par mois. Il lui reste, une fois déduit l'impôt sur le revenu, encore trois millions et quelques milliers de francs. Sellière ajoute qu'il a reçu une cagnotte de 28 millions de francs en stock-options et précise que ces chiffres ne tiennent pas compte de ce qu'il touche au titre de ses activités dans les groupes Hermès, Société Générale et Béghin Say... Excusez du peu !

Dans le milieu patronal, de telles sommes ne sont même pas considérées comme excessives. Le patron d'AXA, Claude Bébéar, touche au moins le double, sans parler des gros patrons américains qui peuvent toucher 5, 10 ou même 20 fois plus (et cent fois leur salaire annuel en stock-options...).

Bref, les grands patrons sont fort bien payés. Ils expliquent sans complexe que ces salaires rétribuent leurs bons résultats et les bonnes affaires qu'ils font réaliser aux entreprises qu'ils dirigent. Ces entreprises font des profits qui ne se comptent pas, eux, en millions de francs mais en milliards. La CGIP, que dirige Seillière, a ramassé l'an dev milliards de francs, dont près de la moitié en vendant et en achetant des entreprises. Tout cet argent est redistribué aux actionnaires, et donc aussi à Seillière, cette fois-ci sous sa casquette de détenteur d'actions. Mais il n'a pas cru bon d'évoquer ce chapitre.

Le but de cette publication n'était d'ailleurs pas la volonté de transparence qui est bien le cadet des soucis patronaux. La réticence des patrons à citer ces chiffres est évidente, et ceux qu'ils livrent sont partiels, tronqués et maquillés. En fait, ce sont les actionnaires qui exigent de plus en plus de savoir combien sont payés les PDG de leurs entreprises, pour le mettre en relation avec ce que ces entreprises leur rapportent. Une espèce de calcul de rentabilité, dans lequel les PDG sont, pour une fois, comptés comme des marchandises. Des marchandises de grand luxe quand même...

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