Dassault (Argenteuil-95) : Serge Dassault s'en va - la lutte continue07/04/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/04/une-1656.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Dassault (Argenteuil-95) : Serge Dassault s'en va - la lutte continue

Le mardi 4 avril, Serge Dassault fêtait ses 75 ans en grande pompe, ainsi que la fin de son mandat de PDG. Mais qu'on se rassure, la famille Dassault demeure évidemment le principal actionnaire de la société avec près de 50 % des actions.

A cette occasion, Serge Dassault adressait au personnel un courrier. Si d'habitude il commençait par " Chers amis ", dans sa dernière lettre il nous appelle " Madame, Mademoiselle, Monsieur ", déclarant : " Je regrette de quitter mes fonctions dans une période de trouble social hors proportion avec le statut des salariés ". En fait, cela fait six semaines que dans l'usine nous poursuivons notre mouvement pour obtenir 1 500 F d'augmentation mensuelle pour tous, et nous n'avons nullement l'intention de céder sur cette revendication.

Spéculant sur une éventuelle lassitude, la direction locale tentait, le vendredi 31 mars, de licencier trois ouvriers pour des motifs fantaisistes. Deux heures plus tard, le chef du personnel était contraint de déchirer publiquement les lettres de sanction devant 300 d'entre nous.

Le lundi 3 avril, la direction tentait encore de monnayer une reprise d'activité normale contre une prime de... 1 500 francs. La proposition a beaucoup fait rire.

La direction ne sait plus comment s'en sortir sans perdre la face. Elle envoie des chefs de service expliquer qu'au sein de chaque service, il y a des marges de manoeuvre, que des promotions pourraient régler les problèmes, qu'il ne faut pas mettre l'entreprise en danger...

Un expert comptable, mandaté par le syndicat CGT, a calculé le coût d'une augmentation nette de 1 500 francs par mois pour les 8 800 salariés de chez Dassault. Cela reviendrait à 200 millions de francs. Or, en 1998, le bénéfice net après impôts de l'entreprise aurait été de 1,2 milliard. En payant 1 500 francs pour tous, ce serait encore un milliard de profits que Dassault ferait. Mais cela ne l'empêche pas de nous rejouer le coup de l'apocalypse.

Depuis le début du conflit, la direction générale a dû reculer à plusieurs reprises, même si elle tient, pour la forme, à écrire qu'elle ne cède pas. Elle pensait sans doute nous faire lâcher prise rapidement. A Argenteuil, nous maintenons un débrayage par demi-journée à l'appel de la CGT et de la CFDT. Dans les usines du Sud-Ouest, les mêmes organisations syndicales organisaient le 4 avril une grande manifestation à Bordeaux qui a regroupé près de 1 000 salariés.

Notre moral est intact. Le PDG-principal actionnaire peut partir inquiet.

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