- Accueil
- Lutte ouvrière n°1656
- Bosch ELM - Leblanc (Drancy - 93) : Des heures supplémentaires après les licenciements ça ne passe pas !
Dans les entreprises
Bosch ELM - Leblanc (Drancy - 93) : Des heures supplémentaires après les licenciements ça ne passe pas !
Alors qu'elle vient de licencier 300 ouvriers, la direction d'ELM-Leblanc (groupe Bosch) a eu le culot, le 22 mars, d'annoncer en réunion de CE qu'elle entendait nous faire faire des heures supplémentaires. La raison invoquée était que les affaires allaient tellement bien qu'on n'arrivait pas à faire face aux commandes de chaudières et aux besoins de pièces détachées pour les dépanneurs. Et pour cause, après autant de licenciements !
Pour imposer ces heures, qui devaient être obligatoires et non payées, mais seulement récupérables plus tard (probablement en fin d'année, au moment où Bosch a prévu de déménager l'usine dans d'autres locaux), la direction invoquait la clause de flexibilité incluse dans l'accord des 35 heures.
Car le but de cet accord n'était évidemment pas de " sauver des emplois ", comme prétendait la direction, mais de faciliter les licenciements en permettant de faire travailler plus ceux qui restent. Au moment de l'annonce du plan de licenciements, en mai 1999, la direction avait annoncé 367 licenciements tout en disant d'entrée, que grâce à un accord sur les 35 heures, elle en ferait 50 de moins. Dans un premier temps, tous les syndicats ont refusé de négocier les 35 heures avec un plan de licenciements à la clef. Mais fin décembre, après six mois de lutte, qui n'ont pas empêché les licenciements mais qui ont permis d'arracher de meilleures indemnités, FO, CFDT et CFTC, qui avaient dû depuis quelque temps retenir leur stylo à cause des protestations des ouvriers contre les clauses que voulait imposer la direction, ont accepté de parapher l'accord dès que le patron eut annoncé qu'en échange, il réduirait de 70 au lieu de 50 le nombre de licenciements.
Bien que la CGT, qui a refusé ce chantage, soit le syndicat qui recueille le plus de voix à l'usine, ensemble les trois signataires sont majoritaires. C'était donc chose faite pour le patron : à lui les primes Aubry ; aux ouvriers l'annualisation des horaires, répartis en une " période moyenne " à 35 heures, une " basse " à 28 heures et une " haute " à 42 heures, la flexibilité permettant au patron d'augmenter, quelle que soit la " période ", l'horaire jusqu'à concurrence de 46 heures, et le blocage des salaires pour deux ans.
Mais la réalité reste plus un problème de rapport de forces que de signatures n'engageant que leurs auteurs. La direction vient de s'en apercevoir.
A l'annonce des heures supplémentaires, l'indignation a été générale dans les ateliers de production. Une première assemblée a eu lieu dès le vendredi 24 au matin, où quasiment tous les ouvriers qui travaillaient à cette heure-là sont venus protester contre les heures supplémentaires. Une nouvelle assemblée générale était décidée pour le mercredi suivant, à midi pour permettre aussi à l'équipe d'après-midi d'être là. La direction avait déjà changé sa note de service : renonçant à faire travailler le vendredi après-midi et le samedi comme initialement annoncé, elle se proposait d'allonger les horaires des autres jours pour porter la semaine de 35 heures (nous sommes actuellement en période dite " moyenne ") à 40 heures 30. Même refus unanime de l'assemblée, qui a duré pratiquement toute l'après-midi. Et le vendredi suivant, 31 mars, alors qu'il était prévu une réunion avec les délégués, nous avons déboulé à plus de 100 au building de la direction. Au bout d'une séance de plus de deux heures, où le directeur et le chef du personnel se sont fait alpaguer en direct par les travailleurs, le directeur est reparti en marmonnant à ceux qui étaient à côté de lui qu'il retirait ses heures supplémentaires obligatoires.
La matinée était alors finie et nous sommes partis en week-end, en nous donnant rendez-vous le lundi à 7 h 30, heure habituelle de l'embauche, et non à 7 heures comme l'aurait voulu la direction.