Procès d'Orléans : " l'humanitaire " du gouvernement, c'est pour les discours31/03/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/03/une-1655.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Procès d'Orléans : " l'humanitaire " du gouvernement, c'est pour les discours

Ayant hébergé pour lui venir en aide un étranger sans papiers, Delphine Benama avait été une première fois poursuivie pour ce " délit " devant un tribunal qui l'avait relaxée. Le jugement expliquait alors que l'inculpée avait été " inspirée uniquement par des considérations humanitaires sans aucun but lucratif ". Elle avait en effet agi par amitié et par solidarité.

Eh bien le parquet n'avait pas apprécié ce premier jugement et a fait appel. Le jugement du second procès qui a eu lieu le 21 février vient d'être rendu : cette fois la cour d'appel d'Orléans a condamné Delphine Benama à deux mois de prison avec sursis pour aide au séjour irrégulier.

Ce jugement a évidemment provoqué la consternation. " C'est la solidarité qui est condamnée ", a déclaré l'avocat de Delphine. Et le professeur Schwartzenberg, qui défend les sans-papiers, a déclaré qu'il avait lui-même aidé, et même hébergé des sans-papiers, demandant à être inculpé lui aussi.

Juridiquement l'affaire provoque le scandale : n'aurait-on plus le droit d'héberger qui on veut chez soi, sans demander de papiers ? Peut-on être condamné simplement pour s'être refusé à devenir auxiliaire de la police ?

Mais par-delà l'aspect juridique il y a évidemment la volonté gouvernementale de traquer les sans-papiers et ceux qui leur viennent en aide. Car si le parquet a fait appel du premier jugement, c'est bien entendu que l'Etat veut faire un exemple afin de décourager tous ceux qui voudraient pratiquer un semblable hébergement par solidarité.

Les " considérations humanitaires " que relevait avec justesse - et avec justice - le premier tribunal ne comptent pas pour la police de Chevènement et la justice de Guigou. L'humanitaire ? Allez-donc faire ça hors de France, là où ça épate la galerie! Mais pas de ça chez nous !

Les dirigeants de la gauche plurielle peuvent bien décrier le xénophobe Haider en Autriche, celui-ci n'aurait certainement rien trouvé à redire au verdict d'Orléans.

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