Ukraine : La catastrophe minière : un assassinat collectif17/03/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/03/une-1653.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Ukraine : La catastrophe minière : un assassinat collectif

Samedi 11 mars, un coup de grisou dans une mine de l'est de l'Ukraine a provoqué la mort de 80 mineurs. C'est le plus grave accident survenu dans cette république depuis vingt ans ; un accident révélateur de la catastrophe sociale que connaît le pays.

En avril 1998, soixante-trois mineurs avaient été tués à Donetsk. En décembre 1997, des grèves avaient éclaté, provoquées par le non-versement des salaires mais aussi par le manque de sécurité dans les mines. Cette année-là, 260 mineurs perdaient la vie, 340 en 1996, soit presque un par jour.

Dans les mines où l'entretien et la sécurité sont laissés à l'abandon, il n'est pas rare que des galeries s'effondrent faute de moyens pour les étayer. Les systèmes d'extraction d'air et de gaz fonctionnent mal, provoquant souvent la mort par étouffement et asphyxie. Certes, le métier est dangereux et les coups de grisou ne pardonnent pas mais, depuis le temps qu'on en connaît les dangers, on sait se prémunir. Seulement, en Ukraine, les moyens manquent, pillés qu'ils sont par une bureaucratie avide de profits.

Et il faut tout le cynisme du ministre du Pétrole et de l'Energie pour déclarer qu'il y a eu " irresponsabilité de la part des travailleurs et de leur direction ", amalgamant ainsi les travailleurs aux dirigeants pour dédouaner ceux-ci.

L'Ukraine compte 600 000 mineurs répartis dans 210 mines. Ils y travaillent dans des conditions plus que déplorables. Les fonds pour assurer la sécurité se sont envolés, pour ne pas dire qu'ils ont été volés - tout comme les salaires impayés d'ailleurs - par les directions minières et les bureaucrates des ministères qui vivent avec la sueur et parfois la peau des mineurs. Car si les salaires sont impayés et si les investissements font défaut, le charbon, lui, est bien extrait et vendu. Et comme partout dans les républiques de l'ex-URSS, rien ou presque rien des richesses produites par les ouvriers ne leur revient. Aux travailleurs les maigres salaires amputés et vite dévalués ; aux bureaucrates les devises étrangères qu'ils accumulent sur leurs comptes à l'étranger.

Depuis l'effondrement de l'URSS, une grande partie de l'économie ukrainienne, dont les mines, reste étatisée, plus encore qu'en Russie. La bureaucratie ukrainienne a même gagné en importance numérique, et tout ce que les bureaucrates volent, détournent, a des conséquences sociales dramatiques conduisant à la paupérisation des travailleurs, à la clochardisation de pans entiers de l'économie et aux catastrophes comme celle que viennent de vivre les mineurs d'Ukraine.

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