Société Mécanique de Villeurbanne - Rhône : Quatre jours de grève pour les salaires17/03/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/03/une-1653.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Société Mécanique de Villeurbanne - Rhône : Quatre jours de grève pour les salaires

A la SMV, qui fait partie avec Renault Le Mans et Guyancourt du groupe Auto-Chassis-International et qui produit des pièces pour l'automobile, les salaires sont bas, surtout en production. Toutes primes comprises, un ouvrier en équipe gagne autour de 6 800 F après plusieurs années d'ancienneté.

Pas étonnante que dans ces conditions, le mécontentement ait éclaté lors des négociations salariales annuelles en février 2000. Alors que le groupe Renault annonçait de juteux bénéfices pour 1999, la direction de la SMV annonça 96 F brut comme augmentation pour l'année. Cela fut ressenti comme une insulte d'autant plus que les autres sites Renault, en particulier au Mans, avaient eu des augmentations plus importantes.

Un premier débrayage massivement suivi fut organisé le 1er mars, obligeant la direction à rouvrir les négociations le mardi 7. Ce jour-là, dès 10 heures, les compagnons de l'équipe du matin arrêtèrent massivement le travail pour connaître les nouvelles propositions de la direction. Comme cette dernière ne voulait lâcher, en plus des 96 F, qu'une prime exceptionnelle de 1 200 F au 1er septembre, il fut décidé de se mettre en grève et d'attendre l'équipe d'après-midi. L'ensemble des travailleurs voulaient une augmentation générale des salaires et cela dès le 1er mars. Finalement il fut demandé 260 F brut.

Ce qui caractérisa les quatre jours de grève qui suivirent, ce furent la détermination, la cohésion et la solidarité des grévistes. La grève fut unanime. La plupart des lignes étaient arrêtées. Les rares pièces produites le furent par des chefs d'atelier. Mais comme le constatèrent les grévistes en circulant dans les ateliers, les bennes se remplissaient lentement. D'ailleurs ils ne se privèrent pas de le dire à tous ces chefs qui, en temps ordinaire, jouent les gardes-chiourme pour faire accélérer la production.

Dès le début du mouvement, toutes les décisions se prirent en assemblée générale. Petit à petit la grève s'organisa. Il y eut des tournées dans les ateliers, des compagnons firent des banderoles, d'autres s'occupèrent des merguez... sans oublier la convocation de la presse et de la télé dont les articles ou reportages furent longuement commentés.

Face au nombre et à la détermination des grévistes, la direction recula peu à peu. Bien sûr, tout au long des négociations, elle essaya de les rouler en jouant sur des primes, apparentes ou déguisées. Mais comme personne n'en voulait, elle proposa 227 F brut pour tous au 1er mars, au bout du 4e jour. En plus elle concédait que trois jours de grève soient transformés en journées de congés collectifs liés à la réduction du temps de travail.

Même si on n'avait toujours pas les 260 F demandés, pour l'ensemble des grévistes c'était une victoire. A l'assemblée générale qui suivit et qui regroupait des salariés de toutes les équipes, il fut décidé d'arrêter le mouvement et de reprendre le travail. Pour tous les présents, c'était la satisfaction d'avoir relevé la tête pour forcer le patron à reculer. Et même si la somme arrachée est loin d'être suffisante, le seul fait d'avoir été aussi nombreux en lutte retardera pour quelque temps les mauvais coups de la direction et calmera les attitudes arrogantes de certains chefs.

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