Renault CTR (Rueil - 92) : La direction se prend pour big brother17/03/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/03/une-1653.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault CTR (Rueil - 92) : La direction se prend pour big brother

Tout comme à Renault-Le-Mans, les salariés du Centre Technique Renault de Rueil ont appris, la semaine du 6 mars, que la direction pratiquait le fichage du personnel sur dossiers informatisés et un tract de la CGT a diffusé le contenu de ces rapports, ce qui a provoqué une émotion dans tout le personnel.

Quelques extraits de ces rapports personnels suffisent largement à comprendre le type de ces fichiers :

Monsieur xxx : " Je ne le vois pas du tout dans la nouvelle structure, se laisse vivre, pas trop courageux, fait un peu ce qu'il veut, confiance limitée, fait appel aux syndicats dès qu'il sent que nous nous occupons de lui. "

Monsieur xxx : " Il a besoin d'être sans cesse managé, filou et menteur, mal organisé dans sa mission actuelle, très peu soigné. "

Monsieur xxx : " [...], sujet à maîtriser, crée quelquefois des troubles au sein de l'équipe. "

Monsieur xxx : " Limité dans sa mission actuelle, il doit être sans cesse managé. Attention, il revendique souvent, de plus il a fait souvent appel aux syndicats ; aujourd'hui au coefficient xxx grâce à l'intervention des syndicats. Pas trop sûr de lui. Peut garder sa mission [...] mais soyons prudents. "

Sur le même fichier informatique on trouve les noms des syndicalistes et leurs photos ! En clair, il s'agit bien d'un flicage systématique contre les salariés et les syndicalistes !

Le fait qu'à l'usine du Mans le même type de fichage ait été découvert par les salariés et dénoncé publiquement a provoqué une nouvelle émotion. Des travailleurs de Rueil ont tenu à faire le déplacement au Mans pour assister au rassemblement organisé par la CGT lors du procès des travailleurs de cette usine attaqués par la direction pour s'être opposés à un licenciement. A la réunion de 400 syndiqués CGT de l'Automobile qui a précédé cette manifestation, la parole a été donnée à la salle, ce qui a permis à des militants d'extrême gauche de donner un autre son de cloche que le discours officiel en faveur de la conciliation et de la signature d'accords du type 35 heures. Et à leur suite, nombre de travailleurs et de syndicalistes ont pris la parole pour rappeler que leurs mouvements sont restés isolés et que, jusqu'à maintenant, le slogan " Tous ensemble " est resté au stade des discours dans la bouche des dirigeants syndicaux.

Il est certain que le résultat du procès est très attendu par les travailleurs de Renault. Dans ce contexte de flicage, d'aggravation des conditions de travail et d'attaques de toutes sortes, il apparaît important et significatif de faire reculer la direction.

A Rueil, bien des salariés n'admettent pas qu'on puisse ainsi les ficher sans même qu'ils soient informés du contenu de ces jugements qui peuvent les suivre ensuite toute leur vie professionnelle. Ils sont décidés à ne pas se laisser faire et à réclamer haut et fort leurs dossiers personnels à la direction.

Le PDG Schweitzer a présenté ses excuses. Mea culpa digne de celui du pape !

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