À quelques jours du 30e congrès du PCF : On rénove avec des chevaux de retour17/03/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/03/une-1653.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

À quelques jours du 30e congrès du PCF : On rénove avec des chevaux de retour

A l'approche du 30e congrès du PCF, Robert Hue souffle (un peu) le chaud et (beaucoup) le froid. Récemment, lors de son passage à l'émission Le grand Jury de RTL, il s'est montré offensif, lançant même l'idée d'un " printemps populaire ", dont la gauche plurielle avait tout à gagner, y compris dans la perspective des prochaines échéances électorales.

Evoquant la fameuse cagnotte qui, dit-il, serait le fruit " d'une croissance encore fragile ", manière de souligner son esprit de responsabilité (mais il oublie l'autre " cagnotte ", celle des patrons qui, elle, n'est ni nouvelle, ni fragile), il parle du relèvement du SMIC, de la diminution des impôts, en particulier de la TVA et des taxes sur les carburants. Il se félicite de la promesse de création de 12 000 postes dans les hôpitaux sur trois ans, soit 4 000 par an, en supposant que les promesses sont tenues, et qui doivent bien plus à l'action du personnel hospitalier qu'à celle des ministres communistes.

Il ose même une pique, qui vaut avertissement à l'égard de la majorité gouvernementale, dont les regards sont braqués vers l'horizon des prochaines échéances électorales. Celles-ci, explique le secrétaire national du PCF, se gagneront " avec le peuple de la gauche plurielle et pas avec les électeurs de droite qui n'auront pas besoin d'une copie quand ils pourraient avoir l'original au gouvernement ". Sauf que " ce peuple de gauche " prend de plus en plus conscience que ses représentants pratiquent la politique de droite, qui suscite, sur le plan social, autant de mobilisations populaires, justifiées, que s'il avait affaire à " l'original ". Hue multiplie donc ses avertissements à Jospin, qui n'en a cure, car ces suppliques, réitérées durant trois ans, sont sans aucun effet sur le gouvernement. D'autant qu'à chaque occasion, tel le vote du budget de la Sécurité sociale, les députés du PCF s'inclinent. Ne parlons même pas de ses ministres !

Voilà pour le chaud, disons le tiédasse.

Dans le même temps, les dirigeants du PCF montrent qu'ils n'ont pas l'intention d'interrompre la " mutation " de leur parti L'annonce que des personnalités " du monde associatif ", tel Fodé Sylla, ex-dirigeant de SOS Racisme, ou comme Michel Deschamps, ex- secrétaire de la FSU, ralliés de dernière heure à la liste " Bouge l'Europe ", et encore plus récents adhérents ou ré-adhérents du PCF seront sans doute membres de sa direction, en est l'un des derniers signes. Si Fodé Sylla, a un passé politique, c'est celui d'un suppôt de Mitterrand, dont l'association qu'il dirigea a généreusement reçu appuis et subventions. On parle aussi de la possibilité que Roland Castro siège, lui aussi, aux instances dirigeantes du PCF. Maoïste en 68, il s'est proclamé miterrandolâtre dans les années 80.

On ne sait pas si la notoriété de ces " personnalités " contribuera à beaucoup accroître l'audience du PCF. L'expérience de la liste " Bouge l'Europe " n'est guère probante à cet égard. Mais ce que l'on peut dire, c'est que cette démarche ostentatoire et publicitaire contribue à brouiller encore plus l'image du PCF pour le faire apparaître comme un parti comme les autres, un parti de notables et de personnalités, au détriment de celle du parti de lutte, s'appuyant sur son enracinement et son influence dans la classe ouvrière.

Ces personnalités, ou prétendues telles, qui utilisent le PCF pour y faire carrière, y gagneront peut être. Mais pas les militants qui, par leurs activités au quotidien, dans les quartiers et les entreprises, ont construit ce parti.

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