Logement social : La misère persistante17/03/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/03/une-1653.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Logement social : La misère persistante

Le gouvernement ne faisant rien en faveur du logement social, et n'ayant absolument pas l'intention de modifier cette politique, il cherche au moins à en rejeter la responsabilité sur les municipalités les plus riches, qui évidemment en ont aussi leur part. Celles-ci, dans le cadre d'une loi générale, devraient réaliser au moins 20 % de logements sociaux sur leur territoire, faute de quoi elles payeraient une taxe (1 000 F par an et par logement manquant).

Ce projet de loi, dite " de solidarité et de renouvellement urbain " laisse vingt ans aux communes pour se mettre en règle. D'ici là, les gouvernements et les lois auront bien le temps de changer ! Mais même en admettant que cette loi soit adoptée et suivie d'effets, elle ne changera probablement pas grand-chose à l'insuffisance criante de ces logements.

A ce propos justement, la Fondation Abbé Pierre vient de publier son rapport annuel. Alors que le gouvernement se vante de sa croissance, de sa cagnotte, de son recul du chômage, et même de l'immobilier qui redémarre, on pourrait s'attendre à ce que cela soit suivi d'effets sur le plan du logement.

Eh bien, pas du tout ! Selon cette Fondation " si le chômage baisse, la précarité salariale et la paupérisation s'installent ". Et en particulier les " salariés pauvres " ont de plus en plus de difficultés à accéder à un logement ou à y rester.

Les raisons, on les connaît, elles n'ont pas changé depuis des années, elles ont même parfois empiré. Dans le secteur privé de l'immobilier, les promoteurs construisent pour un marché qui vise plutôt les classes moyennes, et qui rapporte, et donc pas pour les pauvres. Depuis quelques années les HLM font de plus en plus la même chose et préfèrent laisser des logements vides plutôt que de les louer à des travailleurs trop pauvres, c'est-à-dire en situation précaire. Elles exigent généralement un salaire régulier qui soit le triple voire le quadruple d'un loyer relativement élevé. On recherche les fonctionnaires, mais pour les précaires, et à plus forte raison les chômeurs, les RMIstes, il n'y a nulle part où se loger. Si par-dessus le marché les candidats locataires sont immigrés ou étrangers, leur situation est souvent sans issue, et ils doivent se contenter de taudis parfois insalubres.

Or les gouvernements successifs laissent se dégrader la situation. Ainsi, depuis 1993, le programme de PLA (prêts locatifs aidés) enregistre une baisse de 45 % pour les logements sociaux. Et, alors que 80 000 PLA sont inscrits au budget, seulement 50 000 sont effectivement réalisés. En n'utilisant pas toutes les ressources pourtant budgetées le gouvernement se refuse consciemment et volontairement à aider le logement social. Il a bonne mine de réclamer que toutes les communes en construisent !

Rappelons que si bien entendu c'est l'ensemble du gouvernement qui porte la responsabilité de cet état de choses, Gayssot est aussi le ministre PCF du logement, en plus du transport.

Sans même parler des sans-abri, il y a selon la Fondation Abbé Pierre 2,3 millions de mal-logés, et, au delà, plus de 5 millions de personnes concernées par ce problème. Pour eux le bâtiment ne va pas.

Alors que reste-t-il comme solution, sinon la révolte, dans ce domaine comme dans les autres ?

Partager