Alstom : Imposons l'interdiction des licenciements17/03/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/03/une-1653.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Alstom : Imposons l'interdiction des licenciements

Après Michelin et Moulinex, pour ne citer que les grosses entreprises qui annoncent des suppressions d'emplois dans la période qui vient, la branche du trust Alstom qui fabrique des turbines et qui vient de s'associer avec ABB, trust helvético-suédois, a mis dans la corbeille de mariage l'annonce de 10 000 suppressions d'emplois sur l'ensemble du groupe, dont 1 500 dans ses entreprises situées en France. Et cette sinistre liste de plans sociaux dans des entreprises qui croulent littéralement sous les profits, et qui s'en glorifient, est loin d'être close, si on laisse faire.

Mais l'Alstom, ça n'est pas seulement la fabrication de turbines, c'est aussi le ferroviaire où se fabrique entre autres le TGV, une branche florissante s'il en est et où pourtant la direction vient d'annoncer, comme nous le signalent nos camarades de Belfort, la suppression de 250 à 300 emplois. C'est aussi les Chantiers de l'Atlantique, qui se flattent de crouler sous les commandes (12 bateaux, auxquels va s'ajouter le paquebot du siècle, dont on nous a montré les rutilantes maquettes sous tous les angles). On ne peut pas dire qu'Alstom, au-dessus de laquelle on trouve le trust Alcatel, en soit à crier au secours.

Les suppressions d'emplois ne sont jamais justifiables, car dans cette société d'immenses fortunes existent, accaparées par une minorité de profiteurs. Mais à l'Alstom, c'est encore plus aveuglant.

Les " pleureuses " professionnelles y vont de leurs protestation. En premier lieu Chevènement, membre du gouvernement et accessoirement élu de Belfort, qui considère que l'attitude d'Alstom-ABB est " inacceptable "... pour Belfort. Sauf que cet " inacceptable ", il l'a accepté jusqu'à présent, en laissant faire les suppressions d'emplois précédentes, et le démantèlement de l'entreprise. Ce brave homme ne voudrait pas que son fauteuil de notable soit balayé en même temps que les mille nouveaux postes supprimés à Belfort. Du coup notre élu s'agite. Il nous annonce, fringant, qu'il a dit deux mots à Jospin et deux autres à Christian Pierret, le ministre de l'Industrie, qui a déclaré qu'ABB-Alstom Power " ne peut pas s'exonérer de ses responsabilités ". Mais le gouvernement dit de gauche se refuse de prendre les siennes, dès lors qu'il s'agit de s'affronter au grand patronat. Pourtant, il aurait le pouvoir d'interdire les licenciements. Il se contente de quelques propos énergiques, ou qui se veulent tels, mais qui se résument à dire au patronat : " Soyez gentils, n'exagérez pas et laissez-nous garder la face ". Mais ces suppliques laissent les patrons de marbre, car ils n'en ont rien à faire d'un gouvernement quel qu'il soit, et encore moins d'arranger les affaires d'un gouvernement de gauche qui fait le chien couchant devant lui.

Les travailleurs de l'Alstom ne doivent donc compter que sur eux-mêmes s'ils veulent se faire entendre, à la fois de leur direction et du gouvernement.

C'est ce qu'ils commencent à faire en manifestant le mercredi 15 mars devant le siège de l'Alstom, avenue Kléber à Paris, pour se rendre ensuite à Matignon, derrière une banderole qui dit entre autres " Jospin, interdisez les licenciements ", tandis qu'au même moment les travailleurs de l'Alstom-Belfort manifestaient dans la ville.

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