Au lycée professionnel Adrienne-Bolland de Poissy, sur 100 enseignants de LP, nous sommes pratiquement tous en grève illimitée reconductible depuis le lundi 28 février contre les projets du ministre Allègre.

Comme ailleurs, ce qui nous indigne le plus est la baisse de la dotation en horaire du lycée, qui conduira nécessairement à supprimer les demi-classes au profit des classes entières, et l'annualisation de notre temps de présence : le fait de " devoir " à l'administration le double des heures que nos élèves passent en stage en entreprise, 20 heures pour 10 heures de stage, 40 pour 20, etc. ; et le fait que le chef d'établissement pourrait nous demander d'effectuer pendant ces heures-là les travaux qu'il aura décidés : tâches de secrétariat, remplacement d'un professeur malade, surveillance, contrôle des entrées et des sorties... Le contenu des tâches susceptibles de nous être demandées fait pour nous peu de doute. C'est à Adrienne-Bolland que, il y a quelque temps, trois jeunes extérieurs au lycée ont franchi l'enceinte avec beaucoup d'aplomb et ont " enlevé " un lycéen auquel ils reprochaient d'avoir témoigné contre eux. Bien impuissant, seul, à stopper l'expédition, le chef d'établissement a tenté une manoeuvre de retardement mais n'a pu les empêcher de quitter les lieux. Heureusement, le lycéen s'en est sorti sans dommage. Mais cet incident illustre à quel point de faiblesse sont arrivés les moyens humains d'encadrement dans l'Education nationale.

Sur le lycée, la grève est dynamique. AG tous les matins à une bonne soixantaine, bilan et préparation du lendemain tous les soirs. Des parents, des représentants de la FCPE, ont apporté leur appui dès le premier jour. Les élèves qui le souhaitaient ont été associés au mouvement. Une quarantaine participe aux discussions en AG, à la confection des banderoles... Plusieurs autres lycées professionnels de la région sont aussi en grève, à Nanterre, Conflans, Les Mureaux, Mantes, Sartrouville, et à Chanteloup-les-Vignes ce sont des mouvements de parents qui ont bloqué deux collèges. Dans la journée, les enseignants du LP ont rencontré directement les collègues en grève des autres établissements, qui rendent la visite, conscients qu'il faut un mouvement d'ensemble de l'Éducation nationale pour faire reculer Allègre.