ABB Alstom Power : Non aux licenciements !10/03/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/03/une-1652.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

ABB Alstom Power : Non aux licenciements !

Un vaste plan de suppression d'emplois vient d'être annoncé par le PDG d'ABB Alstom Power : 10 000 suppressions d'emplois dans le monde ; 5 431 en Europe dont 1 500 en France. A Belfort, 800 emplois sont supprimés. Sur le site de La Courneuve, le centre technique LCA (175 salariés) serait réduit à 50, à Rateau, 100 emplois seraient supprimés sur 630 et 60 à l'établissement Customer Service. A Lys-lez-Lannoy (Nord), l'usine de 330 salariés est menacée de fermeture.

Ce vaste plan n'est qu'un début puisque le PDG aurait également déclaré : " Ce n'est qu'une étape car la production doit disparaître en France ". Cette restructuration n'a qu'un but : réduire massivement les emplois quels que soient les pays. Car même les pays à moindres coûts salariaux comme la Chine et l'Inde sont touchés.

La Courneuve :des comités d'entreprise mouvementés

Chez Rateau, à la Courneuve, en banlieue parisienne, à environ 150, nous avons envahi le comité d'entreprise extraordinaire du vendredi 3 mars. Durant une heure, nous avons dit ce que nous pensions des suppressions d'emplois annoncées tant dans le groupe que sur le site de La Courneuve. Pour les uns, avec colère ; pour d'autres, avec une inquiétude profonde sur l'avenir de l'emploi. Car la direction de Rateau tente de jouer sur la " pyramide d'âge ". Tout le monde sait qu'environ 100 à 130 travailleurs ont plus de 55 ans. Aussi, la direction tente-t-elle de faire passer le message que 100 emplois de moins, ce ne sont pas 100 licenciements mais une " chance " à saisir pour s'adapter à la réalité du marché mondial. Ce raisonnement ne passe pas. De diminution d'effectif en diminution d'effectif, on va tout droit vers la friche industrielle, comparable à celle composée des restes de l'établissement du Bourget. Or le groupe fait de l'argent par milliards et il n'y a donc aucune raison pour que ce soient les travailleurs qui trinquent, baisse ou pas des commandes.

Au même moment, sur le même site que Rateau, à LCA (centre technique), nous avons également envahi le comité d'entreprise. Un jeune cadre arrogant, qui n'a que le mot " management " à la bouche et qui apparaît comme un homme de main au service des dirigeants licencieurs, représentait la direction et a passé un sale moment. Il a dû subir pendant plus de deux heures notre colère, nos invectives et le feu roulant de nos questions. Il a fini par dire que l'objectif de la direction était de faire qu'il n'y ait aucun licenciement sec alors que le chef du personnel, quelques minutes plus tard, avouait qu'il était plutôt pessimiste sur les possibilités de reclassement dans le groupe. Cela voulait tout dire et a fait redoubler notre colère. Chacun a conscience que les prétendus reclassements externes ne sont que du bluff, d'autant que la majorité d'entre nous se situe dans une tranche d'âge de 45 à 55 ans. Nous sommes à l'Alstom depuis de nombreuses années et nous ne sommes pas prêts à abandonner le terrain à des requins qui n'ont qu'un seul objectif, accroître encore plus les profits des gros actionnaires. Nous savons parfaitement qu'Alstom possède des provisions pour restructuration d'un montant de 4 milliards de francs et que le 3 mars, à l'annonce des suppressions d'emplois, le cours de ses actions a augmenté de 8,84 % !

Interdire les licenciements

Le 15 mars, la quasi-totalité des organisations syndicales des sites Alstom et ABB Alstom de la région parisienne ainsi que de Lys-lez-Lannoy appellent à manifester devant le siège Alstom de Kléber puis devant Matignon. Il est en effet inadmissible qu'un groupe comme celui-là, qui a bâti son empire industriel et fait fortune grâce aux marchés d'Etat " ferroviaire, énergie, transport urbain ", jette à la rue des travailleurs sans que le gouvernement intervienne pour le lui interdire.

Il est inadmissible qu'Alstom comme d'autres puissent ruiner des régions entières par sa seule décision. Des groupes comme Alstom, Alcatel qui en est un des principaux actionnaires, s'imaginent pouvoir tout faire pour satisfaire la soif de profits boursiers. Il est grand temps de leur montrer, tous ensemble, que cela suffit !

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