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- Lutte ouvrière n°1651
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Servair (Roissy - 93) : Une semaine de grève pour 500F par mois
Filiale d'Air France spécialisée dans la restauration à bord des avions, la Servair possède deux établissements à Roissy. Un accord sur les 35 heures avait été signé en juin 1999 par une partie des syndicats, prévoyant une baisse de salaire pour les nouveaux embauchés. La précarité, largement développée, n'a que peu reculé depuis l'accord. Quant aux augmentations générales de salaire, les salariés avaient perdu jusqu'au souvenir de la dernière...
Sur l'établissement de Servair-2 (800 personnes, dont 600 ouvriers en production qui tournent majoritairement en trois équipes sept jours sur sept) la grève a été préparée par des assemblées générales convoquées par la CGT et soutenues par SUD. L'augmentation de l'intensité du travail, les inégalités de paye entre « anciens » et « nouveaux », l'absence d'augmentation de salaire avaient fini par susciter un mécontentement diffus, se traduisant par de petits débrayages. Les assemblées générales visaient à permettre aux salariés d'exprimer collectivement leur grogne et à discuter ensemble de ce qu'ils étaient prêts à faire.
Le 15 février, l'assemblée générale se transforma en manifestation au siège, créant quelques embouteillages sur la plate-forme de Roissy. La direction générale reçut l'ensemble des manifestants, annonça qu'il y aurait des augmentations générales cette année... mais comprises entre 0,5 et 1,2 %!
L'annonce fit l'effet d'une provocation: l'assemblée générale organisée dans la foulée (150 personnes, soit la grande majorité des gens en production présents à ce moment-là) décida de réclamer 500 F pour tous ainsi que le paiement à 39 heures des derniers embauchés. Et de lancer la grève.
Les jours suivants, du mardi au samedi, les AG se succédèrent (entre 100 et 170 personnes à chaque fois), prenant toutes les décisions importantes et élisant la délégation chargée de négocier avec le patron.
Deux tentatives furent faites pour étendre la grève en direction de Servair-1 (1200 personnes). L'accueil fut sympathique, suffisamment pour que la direction craigne l'extension de la grève, même si cela ne se produisit pas sur le moment.
Les syndicats FO, CFTC ou CSL rejoignirent le mouvement alors qu'il était déjà majoritaire, le renforçant plus encore. En revanche, sur l'autre usine, Servair-1, les syndicats eurent une attitude plus attentiste, se contentant de menaces de grève par tract.
La direction fit rapidement des propositions, qui évoluèrent de jour en jour. Dès le troisième jour de grève, après l'expédition des grévistes Servair-2 à Servair-1, elle proposait 250 F par mois en mars, 125 F pour décembre 2000, puis à nouveau 125 F en décembre 2001. Soit les 500 F demandés mais seulement pour la fin 2001 ! Les grévistes refusèrent ce calendrier d'augmentations. La direction assigna onze salariés devant le tribunal pour demander l'expulsion des grévistes, au nom de « la liberté du travail ». Mais elle cédait du terrain de jour en jour. Pour finir, le lundi 2 1 février, après 6 jours de grève, elle lâcha 250 F par mois en mars 2000, 125 F en décembre 2000 et 125 F en mars 2001. Après ces nouvelles propositions, les grévistes obtinrent que le patron lève toute menace de sanctions, cède sur le paiement de la moitié des jours de grève et accepte de prélever les retenues sur salaire sur un an. L'AG vota alors la reprise.
L'ambiance après cette victoire fut à la satisfaction. Les nouveaux embauchés, payés jusqu'à présent sur 35 heures sont désormais payés sur 39 heures. Et nous récupérons tous une petite partie des profits réalisés par Air France sur notre dos!