Les arsenaux français ont exporté ou réparé à perte des bateaux de guerre et des plates-formes pétrolières, ce qui d'ici 2002 leur coûtera 11 milliards de francs, reconnaît un membre du Conseil d'Etat, dans un rapport révélé par le Canard Enchaîné du 23 février. Mais ce rapport n'était pas destiné à être public, il était classé " confidentiel-industrie ".

On cachait ainsi à l'opinion le fait qu'il y avait eu 1,2 milliard de perte pour le contrat " Mouette " passé avec l'Arabie saoudite pour la modernisation de sa marine de guerre, et 2,5 milliards de perte sur la vente au Pakistan de trois sous-marins d'attaque. L'Etat, de qui dépendent les arsenaux, va payer pour ces cadeaux à des pays clients et " amis " et qui, qui plus est, sont bien souvent des dictatures féroces.

Ces contrats à perte sont sans doute liés à d'autres contrats, bénéficiaires, eux, par exemple avec des industriels de l'armement comme Matra ou Thomson, qui fournissent l'équipement ou l'armement de ces bateaux. Le " confidentiel-industrie " couvre ainsi les noms de ceux à qui ces contrats rapportent. Les seuls payeurs identifiés, ceux qui devront payer les pertes, ce sont les contribuables.