Motorola Toulouse : Quand on reprend goût à la grève !25/02/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/02/une-1650.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Motorola Toulouse : Quand on reprend goût à la grève !

L'usine Motorola de Toulouse emploie environ 2500 personnes, une moitié constituant les six équipes qui assurent la production en continu, et l'autre moitié regroupant les employés et les cadres travaillant en journée.

Cela fait plus d'un mois que l'application de la loi Aubry est l'occasion d'un bras de fer entre les équipes de production et la direction. Le premier plan proposé par la direction relevait de la provocation : il prévoyait de faire travailler les trois équipes de semaine les jours fériés et les ponts, et de supprimer une des trois de week-end, ce qui se serait soldé par 150 licenciements ! Des débrayages immédiats en équipes de week-end lui ont fait rapidemment ranger ce premier plan dans ses tiroirs.

Le deuxième plan ne valait guère mieux : il abandonnait la suppression de la sixième équipe et le travail des jours fériés, mais s'attaquait frontalement aux pauses, les diminuant en nombre, et surtout il décalait le repas de l'équipe du matin en fin de poste. En échange, la direction libérait un vendredi sur quatre.Là, ce sont les équipes de semaine qui ont débrayé, et ont ainsi convaincu la direction que ce plan-là non plus ne passerait pas.

La troisième mouture conservait les horaires et les pauses actuels mais n'accordait qu'une semaine de congé supplémentaire, et au prix d'un gel des salaires sur une année.La direction arrive à ce résultat grâce à une interprétation possible de la loi Aubry qui exclut les pauses du temps de travail effectif. Or le passage réel de 39 à 35 heures correspond à 23 jours de congés supplémentaires, et ce n'est pas une semaine, mais 20 jours de réduction du temps de travail que les travailleurs ont décidé d'exiger lors des négociations prévues pour le jeudi 17 février. L'équipe de nuit a commencé à débrayer dans la nuit du mercredi au jeudi pour accueillir l'équipe du matin en grève. La moitié de l'équipe du matin a alors décidé de faire grève pour faire pression sur les négociations, auxquelles les syndicats CGT et CFDT ont invité sept travailleurs en grève.

A la réunion, il est apparu rapidement que la direction ne voulait faire aucune concession, et les grévistes sont alors sortis pour expliquer cela à l'assemblée générale des grévistes. La grève a été reconduite jusqu'au lundi soir 21 février où l'équipe de nuit devait décider de la suite du mouvement.

Par leur détermination, les travailleurs en production de Motorola ont réussi à faire reculer leur direction et à éviter le piège tendu par la loi Aubry.Ils se battent maintenant pour obtenir une vraie réduction du temps de travail, sans gel des salaires.

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