La réédition de ce petit livre mérite d'être signalée parce qu'il évoque un épisode de la France coloniale particulièrement odieux.

En 1931, dans le parc de Vincennes, dans le cadre de l'Exposition coloniale qui visait à vanter l'empire colonial français, le gouvernement avait décidé non seulement de bâtir des pavillons conformes à l'architecture de chaque pays colonisé et d'y montrer les productions locales, mais d'exposer rien moins que des groupes des populations de ces pays. Ainsi, à côté des cages à lions et des mares à crocodiles, des groupes d'hommes, femmes et enfants, jeunes et vieux, étaient enfermés derrière des grilles, tout comme des animaux exotiques. On les avait fait venir contraints et forcés. Sur place, on les obligeait à donner à heures fixes la représentation de leurs prétendus us et coutumes, sous peine de représailles s'ils n'obtempéraient pas. Les visiteurs étaient invités à venir voir ces " sauvages ", des pays africains en particulier, malades de froid, de sous-alimentation, de mauvais traitements. Cela fit quand même scandale et les autorités durent mettre un terme au calvaire des populations avant la fin de l'Exposition.

Le roman de Daeninckx, qui s'inspire directement de cet événement, se déroule parmi une communauté venue de Nouvelle-Calédonie. Il fait partager au lecteur son indignation devant l'horreur de la situation. En seulement quelques pages, qui se lisent d'une traite, ce qui ne gâche rien.