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Leur société
L'émotion passe, le mazout reste
En Bretagne, soixante sites hébergent encore les résidus des marées noires qui ont précédé celle de l'Erika. C'est ce qu'a fait savoir une association écologiste, et ce que la Direction régionale de l'industrie, de la recherche et de l'environnement n'a pu que confirmer. La liste en avait été publiée... et oubliée depuis 1994. On y retrouve des traces de toutes les marées noires qui ont jalonné la triste histoire des côtes de la Manche et de l'Atlantique : les déchets mazoutés du Torrey Canyon, du Bolen, de l'Amoco Cadiz et du Tanio, naufragés entre 1967 et 1980, avaient été mis dans ces fosses couvertes de bâches, puis plus personne ne s'en était occupé. Et aujourd'hui, on constate que des habitations, des parkings ou des routes ont été construits par dessus.
La Bretagne n'est pas la seule région concernée. Dans les jours qui ont suivi le naufrage de l'Erika, des dépôts du même type ont été " retrouvés " à Bordeaux, Donges et La Rochelle notamment.
Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que de tels résidus " oubliés " sont redécouverts, la plupart du temps à l'occasion des pollutions qu'ils entraînent et des nuisances pour la population voisine. Passé le temps de l'indignation qui a suivi chaque marée noire, quand les projecteurs ne sont plus braqués sur les côtes et les oiseaux mazoutés, il est évident que les responsables ont une très forte tendance à se débarrasser du problème à moindre coût, en laissant ce qui est à l'abri des regards en l'état.
Aujourd'hui, quand les responsables viennent dire que l'on prendra toutes les précautions pour le pétrole de l'Erika, et que ses 120 000 tonnes de déchets seront traités par Total-Fina, sous le contrôle des services de l'Etat, on ne peut être que sceptique. Force est de constater qu'en ce domaine comme dans bien d'autres, le seul contrôle efficace et sérieux serait celui de la population concernée.