Banque de France Clermont-Ferrand : Nouveau plan social : 460 emplois supprimés25/02/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/02/une-1650.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Banque de France Clermont-Ferrand : Nouveau plan social : 460 emplois supprimés

Succédant à un plan qui avait déjà provoqué 700 suppressions d'emplois, soit 30 % des effectifs en 1996, cette fois-ci ce sont "seulement" 460 postes qui vont disparaître dans les deux sites de la Banque de France du Puy-de-Dôme : Vic-le-Comte et Chamalières.

Un plan soigneusement préparé

C'est à partir de son rapport à Jean-Claude Trichet, le gouverneur de la Banque de France, qu'un haut cadre, directeur général de la fabrication des billets, a rendu publiques les prévisions de suppressions d'emplois. Actuellement, il y a 440 travailleurs à la papeterie de Vic-le-Comte et 1360 à Chamalières où l'on fabrique les billets. Selon les prévisions pour 2001, ces chiffres seront abaissés respectivement à 280 et 1080.

La direction ne cache pas ses objectifs : la recherche du profit maximum. Elle veut faire produire encore plus de billets au moindre coût en économisant sur les salaires et en augmentant la production. Le motif est devenu un refrain : tenir tête à la concurrence européenne. Elle fournit des chiffres révélateurs. En 1995, la Banque de France produisait 500 000 billets par personne et par an. En 1999, avec 700 travailleur en moins : 1 million. L'objectif est de 1,5 million en 2000 et 2,5 millions en 2005 au plus tard. Il paraît que l'Angleterre et l'Allemagne sortent déjà 2,2 millions de billets par personne et par an ; l'Italie, 2,45 et quelques autres tourneraient autour de 5 millions. Le coût du billet français qui était de moins de 1,40 F en 1994 est tombé à moins de 1 F en 1999 et devrait être de moins de 50 centimes en 2005.

La direction a fixé la barre à 900 salariés maximum à partir de 2005, 715 à Chamalières et 185 à Vic-le-Comte. Le service le plus menacé est celui de la "révision", c'est-à-dire le contrôle de la qualité des coupures imprimées. Ce travail souvent manuel va être entièrement automatisé pour la fabrication des billets en euros. La maintenance sera progressivement "externalisée", en clair assurée par la sous-traitance. Cela coûtera moins cher et pourra être fait à n'importe quel moment. Par cette recherche effrénée de la productivité la direction espère ainsi obtenir les plus grosses commandes de billets en euros.

En effet, jusqu'au 1er janvier 2002, la Communauté européenne autorise chaque pays membre à sortir sa production d'euros en proportion de ce qu'il produisait jusque-là pour ses besoins nationaux. Ainsi la France peut sortir 2,5 milliards d'euros pour remplacer ses francs. Mais au-delà de cette date, ce sera la chasse à la commande au niveau européen. Une imprimerie d'un autre pays pourrait donc sortir des billets pour la France à un prix inférieur.

Bref, une belle bagarre est en perspective entre les grosses imprimeries qui, en se concentrant et en se débarrassant le plus possible de leur personnel, voudront obtenir ces énormes commandes. La direction de Chamalières l'exprime cyniquement : " C'est cela être compétitif. Il faut changer la culture d'entreprise. Il faut des méthodes décidées dans cette maison. "

L'intérêt des travailleurs

Les travailleurs ont leur mot à dire et peuvent, eux aussi, être décidés à se faire entendre. Il n'y a pas de raison qu'ils fassent les frais de ces projets. L'usine de Chamalières en est aux essais pour sortir dans un premier temps des coupures de 10 et 50 euros. Il y a donc du travail, mais l'on supprime des emplois, même si, comme le prétend la direction, il n'y aura pas de licenciements secs. Que cela ressemble comme deux gouttes d'eau à ce qui se passe chez Michelin et tant d'autres grandes entreprises, chacun en est conscient.

Le premier plan avait provoqué des grèves et des manifestations. Une grève de plusieurs jours vient d'avoir lieu à Vic-le-Comte. La direction qui " souhaite recueillir les réactions du personnel d'ici le 2 mars " pourrait être servie !

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