Assurance-Vie des parents d'enfants handicapés : AXA a dû reculer25/02/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/02/une-1650.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Assurance-Vie des parents d'enfants handicapés : AXA a dû reculer

Le président d'AXA, Bébéar, a dû, sous la pression des parents d'enfants handicapés de l'Unapei et des médias, renoncer à la décision de doubler les primes exigées des parents d'enfants handicapés ayant souscrit une assurance-vie au profit de ceux-ci. Si la décision avait été maintenue, des parents aujourd'hui âgés, qui cotisaient depuis des années, auraient vu soit leur prime doubler (passant par exemple de 4 000 F à 8 000 F par trimestre) soit la rente versée à leur enfant diminuer de moitié. En cas de refus d'une de ces solutions, le contrat était résilié et ils perdaient tout ce qu'ils avaient versé depuis des années !

Le groupe AXA argumentait que, vu l'augmentation de l'espérance de vie des personnes handicapées, il serait amené à verser des rentes plus longtemps, et que ces contrats seraient déficitaires de 50 millions par an.

Ces calculs financiers, dans lesquels l'assureur semble regretter que ces enfants handicapés puissent vivre plus longtemps, sont choquants et révoltants. Le groupe AXA, c'est un chiffre d'affaires de 436 milliards de francs en 1999 (soit le quart du budget de l'État), c'est 10 milliards de francs de bénéfices en 1998 et plus de 3 000 milliards de francs d'actifs gérés en Bourse - dont une partie en stock-options qu'AXA distribue généreusement à ses directeurs. Que représentent donc 50 millions à côté !

Il a fallu la pression des parents, des médias et de l'indignation générale, pour que Bébéar suspende la décision de doublement des cotisations pour l'année 2000, sans rien promettre pour la suite cependant, alors qu'AXA aurait largement les moyens de renoncer définitivement à cette augmentation.

Au-delà de cet exemple, c'est l'assurance privée, dont Bébéar est le fer de lance, qui a montré dans cette affaire son vrai visage. Elle s'est disqualifiée quant à sa prétention de vouloir gérer la Sécurité sociale ou les retraites. En effet AXA, quand elle prévoyait un doublement des primes hier, ou quand elle fait appel aujourd'hui à l'État pour régler comme elle dit " un problème humain douloureux ", démontre que la solidarité ne peut et ne doit pas être gérée par un organisme qui fonctionne sur la base du profit.

La Sécurité sociale, Bébéar et ses pairs voudraient bien s'en charger, mais qu'arriverait-il si un assuré était suspecté d'avoir des antécédents lui faisant courir le risque d'avoir des maladies graves ? Ses cotisations seraient-elles doublées ? Les assureurs, comme ils le font pour l'automobile par exemple, feraient-ils varier les cotisations et les prises en charge en fonction des risques de chacun : vieux, jeunes, population à risque, etc. ?

En fait seul ce qui rapporte les intéresse. Et cette logique froide du profit est parfaitement contradictoire avec une véritable solidarité entre tous.

Partager