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Leur société
Pollution au cyanure : Les empoisonneurs
100000 m3 pollués au cyanure se sont donc échappés par une brèche des réservoirs de l'usine d'Aurul, en Roumanie, usine de retraitement des déchets aurifères de la mine d'or de Baia Mare. Ils se sont écoulés dans la rivière roumaine Szamos. Puis, la pollution industrielle ne connaissant pas les frontières, les eaux polluées ont poursuivi Leur parcours, à travers la Hongrie, par la rivière Tisza, puis en Yougoslavie par le Danube, qui poursuit son cours jusqu'à la mer Noire...
Certains multiplient les propos rassurants sur la dilution du poison dans les eaux profondes du « beau Danube bleu », ce qui limiterait les conséquences de cette pollution. Mais il apparaît qu'il s'agit là d'une nouvelle catastrophe écologique.
Les eaux empoisonnées ne tuent pas que par le cyanure les poissons, plantes et autres êtres vivants qui peuplent les rivières. Elles déposent dans leurs fonds des boues qui contiennent des métaux longs à se dégrader et dangereux comme le plomb et le mercure. Elles pénètrent les sols traversés et risquent de polluer les nappes phréatiques. Les eaux ne peuvent plus être utilisées pour l'irrigation indispensable aux cultures maraîchères des régions traversées. En Yougoslavie, les eaux polluées arrivent par le Danube dans une région déjà dévastée par les bombardements de l'OTAN. Dans les environs de Belgrade, la destruction des raffineries avait permis au pétrole brut de répandre une véritable marée noire dans l'environnement, catastrophe qui s'ajoutait à celle entraînée par le bombardement des usines chimiques de Pancevo, à une trentaine de kilomètres de Belgrade. Les eaux cyanurées du Danube vont aggraver la situation. Déjà, plusieurs banlieues de la capitale yougoslave ne pourraient plus être alimentées en eau potable.
Face à cela, la société industrielle Aurul, propriétaire de la digue, de l'usine de traitement des déchets aurifères et de-la mine d'or, a immédiatement rejeté toute responsabilité, déclarant que les mauvaises conditions météorologiques étaient la cause de la brèche dans la digue. Aurul est détenue à 50 % par une société d'Etat roumaine et à 5 0 % par une société australienne. il ne s'agit pas d'une vieille exploitation mais d'une toute récente au contraire, si l'on considère que la mine et l'usine ont commencé à produire en avril 1999. Pourtant, depuis, selon les responsables de la société elle-même, les incidents n'ont pas cessé de se produire, tant il est vrai qu'il s'agissait d'investir le moins possible et de tirer le maximum de profit de l'exploitation des ressources naturelles et des hommes.
Le résultat est là, une fois de plus, dans cette pollution catastrophique pour la nature mais aussi pour les populations qui vivent et travaillent dans les régions polluées. Mais la société Aurul, qui jusque-là avait toute la confiance de la Bourse australienne tant ses affaires florissaient, n'entend pas utiliser un centime des profits réalisés -pour tenter de limiter un tant soit peu les conséquences de ce qu'elle a déclenché.
La presse a rappelé à juste titre d'autres sinistres du même type, déclenchés en Andalousie, il y a deux ans, par la société canadienne Boliden, et il y a plus longtemps, en Inde, à Bhopal, par l'usine chimique de la société américaine Union Carbide, qui fit plusieurs milliers de morts par empoisonnement à la dioxine. Après la récente marée noire de TotalFina, voici une preuve supplémentaire des dangers mortels que les industriels capitalistes font courir aux populations et à la nature.