La préparation des municipales : Marchandages autour de fromages18/02/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/02/une-1649.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

La préparation des municipales : Marchandages autour de fromages

Qui sera maire de Paris, en 2001 ? Les RPR, Séguin, de Panafieu ou un Tibéri miraculé ? Les socialistes, Lang ou Delanoë ? En tout cas la capitale ne manque pas de prétendants franchement déclarés, à moitié déclarés, hésitants, ou attendant leur heure, comme on en prête l'intention à Balladur, et sans doute quelques autres désireux de faire un tour de piste médiatique.

C'est que Paris est un très gros fromage avec un énorme budget qui permet de brasser beaucoup d'argent dont quelques grosses miettes se perdent parfois ici ou là (mais pas pour tout le monde). Et puis la municipalité permet de cultiver des relations, d'entretenir toute une clientèle - comme c'est visiblement le cas de Tibéri en ce moment - et enfin, et peut-être surtout, pour les plus ambitieux, être maire de Paris, cela autorise de plus grandes espérances, comme chef du gouvernement, ou par-dessus tout président de la République.

L'ennui, c'est qu'on ne peut pas se présenter à Épinal (dont Séguin est le maire actuel), à Blois (mairie de Lang) et à Paris. Il faut bien calculer son coup, car le perdant ne sera ni maire de Paris, ni ne restera maire d'Épinal ou de Blois. On comprend que certains hésitent à franchir le pas et veulent sonder d'abord...

Alors dans le panier de crabes des prétendants, ça pince de tous les côtés. Il s'agit de partir au bon moment. Toubon et Pons qui sont partis trop tôt en essayant de dégommer Tibéri semblent rester sur le sable. Séguin et Lang en sont, de manière assez symétrique, au stade où certains de leurs "amis" doivent leur demander publiquement avec insistance de faire acte de candidature. Alors évidemment, ils ne pourront pas résister à ces appels pressants et leurs corps et leurs âmes appartiendront aux Parisiens.

Bien entendu il n'y a pas qu'à Paris que les politiciens se précipitent. Les fromages provinciaux, pour être plus petits, suscitent d'âpres luttes entre les corbeaux et les renards locaux ou parachutés.

À Toulouse, Baudis a préparé sa succession en pressentant Douste-Blazy. À Lyon, l'après Barre provoque des déchirements. À Lille, Martine Aubry a déjà chauffé sa place.

Quant aux Verts, qui jusqu'à présent sont largement écartés des fromages municipaux, ils font pression sur le PS pour que ce dernier accepte de leur laisser des mairies de villes importantes. Ils annoncent pour le moment qu'ils entendent faire acte de candidature partout, quitte à déchirer électoralement la majorité. Le porte-parole des Verts a déclaré : " Si les socialistes tiennent vraiment à donner la priorité aux sortants, alors la majorité plurielle sera en danger... ". Évidemment les Verts n'ont guère de sortants ! Eux voudraient justement devenir des "entrants" et font le chantage de couler le navire si on refuse de les y embarquer.

Bien entendu, d'ici les municipales - dans plus d'un an tout de même ! - beaucoup d'eau va couler dans la Seine, la Garonne et le Rhône, et beaucoup de combinaisons pourront se faire et se défaire. Alors, le spectacle est permanent. La politique que les uns et les autres vont mener passe à la trappe. Si tant est qu'elle ait été la préoccupation de ces chercheurs de fromages. On se partage donc à l'avance, entre politiciens les choix des électeurs, sans même s'inquiéter de leurs intérêts. Cette "nouvelle façon" de faire de la politique sent le rance.

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