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- Lutte ouvrière n°1649
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Leur société
Continuité : L'Etat... c'est eux !
Une plainte a été déposée mi-janvier par le frère d'une fillette juive morte à Auschwitz en août 1942, six jours après son départ du camp de Beaune-la-Rolande dans le Loiret, contre Michel Junot. A l'époque celui-ci, après avoir occupé des fonctions au ministère de l'Intérieur à Vichy, était sous-préfet de Pithiviers dans le Loiret, où les camps étaient administrés, dirigés et gardés par les autorités françaises. Cela rappelle l'affaire Papon, ancien secrétaire général de la préfecture de Gironde. Il aura fallu plus d'un demi-siècle et la détermination de parents des victimes pour que ces responsables, encore vivants, fassent l'objet de poursuites. Cependant Junot se défend d'être directement responsable. Vrai ou faux ?
Mais en tout cas cela illustre à quel point les hauts responsables de l'appareil d'Etat, sous le régime de Vichy, ont alors concouru à la mise en oeuvre de la politique du régime dans tous les domaines, y compris dans celui des plus basses oeuvres : la déportation de dizaines de milliers de juifs, d'opposants au régime nazi réfugiés en France ou de militants communistes.
Et en 1945, ils ne furent pas inquiétés. Mais ils continuèrent sans problèmes leur carrière à l'image de Papon devenu préfet de police pendant la guerre d'Algérie, ou de Junot qui occupa différents postes dans des cabinets ministériels, avant de devenir adjoint de Chirac à la Mairie de Paris de 1977 à 1995.
Ces hommes, et bien d'autres, ont incarné la continuité d'un État qui, au fil des années, a pu changer de dirigeants, mais a toujours été au service des mêmes maîtres, les capitalistes.
On comprend qu'avec des hommes si " respectables ", zélés serviteurs de l'État sous tous les gouvernements, la justice se soit montrée si peu empressée d'intervenir.