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Dans les entreprises
SNCF Paris Sud-Est : Les emplois-jeunes en colère
Le 1er février 2000, pour la première fois à la SNCF, les emplois-jeunes ont fait grève. Cette grève est partie à l'occasion d'un forum organisé par la direction en gare de Paris-Lyon, forum de l'emploi où la SNCF se vantait de vouloir embaucher 3500 personnes au cours de l'année 2000 en Ile-de-France.
Il y a actuellement à la SNCF 1600 emplois-jeunes, payés au Smic, en CDD renouvelables chaque année pendant cinq ans et rien n'est bien sûr prévu pour leur intégration définitive au bout de cette période. Pourtant, ces jeunes font un travail nécessaire, identique souvent à celui des cheminots. 1200 d'entre eux, par exemple, effectuent l'accueil en gare pour renseigner les voyageurs en collaboration avec des agents SNCF. Dans certaines gares de banlieue, ils assurent la présence jusqu'au dernier train, ce qui est loin d'être une sinécure. Certains travaillent le week-end en 2x8, voire en 3x8, comme tant d'autres cheminots.
Dans ces conditions, il n'est pas surprenant que les emplois-jeunes se soient mis en colère en constatant qu'ils ne pouvaient pas postuler aux nouveaux emplois annoncés par la SNCF sous prétexte qu'elle est en contrat avec l'Etat et n'a à verser que 20 % de leur salaire. A l'heure où la rentabilité est son maître mot, la direction SNCF n'entend pas renoncer à ces travailleurs précaires qui en plus ne lui coûtent presque rien. Mais le pompon, ce 1er février, c'est que, en plus, la direction voulait faire distribuer par les emplois-jeunes eux-mêmes les prospectus du forum organisé Gare de Lyon !
C'en était trop et les emplois-jeunes ont décidé ensemble d'aller perturber ce forum pour exiger d'être embauchés dans le cadre des embauches annoncées. A près de 150 de toute la région (Paris-Lyon, Villeneuve-Saint-Georges et Melun), ils se sont retrouvés avec pour slogan " Embauchez les emplois-jeunes ! " Pendant plusieurs heures, en entourant les cadres qui n'en menaient pas large, ils ont crié ce slogan et distribué des tracts aux voyageurs. La direction a fini par recevoir une délégation pour annoncer... qu'elle ne s'engageait à rien.
Les emplois-jeunes ont décidé de se revoir le lendemain, 2 février, conscients qu'il fallait maintenir la pression, s'adresser à ceux des autres gares de la région parisienne ainsi qu'aux cheminots en général. Ce 2 février d'ailleurs, à la Gare du Nord cette fois, un premier rassemblement regroupait une trentaine de jeunes de la gare ou venus de l'Oise, avec autant de cheminots. Tous espéraient que ce n'était là qu'un commencement.
En tout cas, à la Gare de Lyon, le jour du forum, TF1 était présent et a passé un reportage sur la manifestation au journal de 20 heures, permettant aux emplois-jeunes de s'exprimer sur un grand média, ce qui n'est pas courant. Tout le monde en était fier, content et avait " la pêche ". La pression continue donc et, par équipes, les jeunes se rendent dans d'autres secteurs pour préparer et coordonner d'autres actions avec d'autres emplois-jeunes. Car tout le monde a bien conscience que, pour gagner une embauche définitive à la SNCF, il va falloir mener un vrai combat.