La préparation du 30e congrès du PCF : Un dépassement (du capitalisme) bien difficile11/02/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/02/une-1648.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

La préparation du 30e congrès du PCF : Un dépassement (du capitalisme) bien difficile

Dans le cadre de la préparation de son 30e congrès, le PCF propose à la discussion de ses militants sept textes qui, chacun dans son registre, visent à formaliser sa " mutation " ou sa " refondation ", pour reprendre les termes qui reviennent dans ces textes ou dans les déclarations de ses dirigeants. Le vocabulaire est riche pour signifier la même idée : celle d'une rupture ostensiblement affichée avec les restes issus de son passé.

Au coeur de cette préoccupation, on note l'affirmation certes pas nouvelle, puisque la formule avait été déjà utilisée à son précédent congrès, de ne plus se déclarer pour le renversement du capitalisme, mais pour son " dépassement ".

Les dirigeants du PCF se défendent de verser dans le réformisme et de s'aligner sur des conceptions social-démocrates qui ne visent, disent- ils, qu'à " aménager le capitalisme, sans le transformer ". Pourtant on ne voit pas la différence. Car, même en torturant de la plus cruelle façon que ce soit le mot " dépassement ", on aura du mal à lui faire dire autre chose. Comment Hue et ses partisans envisagent-ils de procéder à un tel dépassement ? En faisant entrer une majorité d'adversaires du capitalisme à l'ENA ?

Ces textes se bornent à des réponses générales. " Le communisme, y lit-on, est un mouvement qui commence ici et maintenant, en s'appuyant sur ce qui émerge, sur les débats, les luttes, le suffrage universel. Nous voulons changer la société au présent pour pouvoir changer la société au futur. C'est ce processus de conquêtes et de transformations allant au-delà des points forts du capitalisme pour le supprimer vraiment que nous appelons le dépassement du capitalisme ".

Mais le vrai problème est de préciser comment aller au-delà de ces " points forts du capitalisme". Par des débats ? Pour convaincre que les capitalistes seraient méchants et asociaux ? Les millions de travailleurs n'ont pas besoin de débats pour en être persuadés. Par des luttes ? Oui, sans doute ! A condition qu'on en donne clairement les objectifs. Par le suffrage universel ? On voit poindre l'oreille. En fait le seul moyen que suggère le PCF est qu'il y ait une assemblée qui vote de bonnes lois qui contraignent les capitalistes. On retombe sur les vieilleries du credo réformiste qui, depuis plus de cent ans, a fait la preuve de son inefficacité, et plus encore de sa nocivité. Si c'est cela faire du neuf !

Ne serait-ce que faire adopter des lois dites sociales, ça n'est pas évident. Le PCF vient, il y a quelques jours, d'en faire l'amère expérience, lorsqu'il a proposé une loi, pourtant guère audacieuse, destinée à limiter les pouvoirs patronaux en matière de licenciements. Cette loi n'a même pas été discutée à l'Assemblée nationale, ses partenaires socialistes s'y étant opposés.

En admettant même que de telles lois existent, qui limiteraient la nuisance des capitalistes, encore faudrait-il qu'ils les respectent. Or, maints exemples montrent que lorsque les capitalistes ne piétinent pas purement ces lois, ils les contournent. Ainsi, il existe des lois qui interdisent la discrimination entre femmes et hommes. Cela n'empêche pas cette discrimination de se perpétuer dans les entreprises, sans même que les patrons aient besoin de transgresser la loi. Le droit au travail est inscrit dans la Constitution, ce qui n'empêche pas les capitalistes de fabriquer des chômeurs à qui mieux-mieux.

Comment dès lors espérer " dépasser " les Michelin, Dassault, Lagardère et compagnie ? Comment les empêcher d'imposer leur loi à l'ensemble de la collectivité, d'embaucher et de débaucher en fonction de leurs intérêts, d'exploiter le travail de millions d'hommes et de femmes ? Comment aller au-delà de leurs " points forts ", sans leur arracher le pouvoir de décider ?

Tenter d'aménager - en vain d'ailleurs - le capitalisme ou l'abattre, tel est le choix. Il n'y a pas de voie intermédiaire. Le premier terme de l'alternative, le réformisme, a amplement fait ses preuves négatives, parfois tragiques pour le monde ouvrier et la société tout entière. Reste la perspective communiste. Dans les textes proposés par la direction du PCF, on trouve tout et son contraire. Mais on peut y lire que " [...] c'est une conception du communisme qui a échoué dans ce siècle, non le communisme lui-même ". Nous partageons cette appréciation. Mais on n'accède pas au communisme par un programme réformiste.

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