L'Etat finance les trusts de l'armement28/01/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/01/une-1646.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

L'Etat finance les trusts de l'armement

Dans son dernier rapport, la Cour des comptes lève un coin du voile sur les cadeaux que l'Etat fait aux industriels de l'armement.

A vrai dire, ces " révélations " n'étonnent guère. Chaque fois qu'un programme d'armement est décidé, l'Etat prend en charge des frais d'études, de développement et d'essais. Ainsi, sur les 84 programmes actuellement en cours, la dépense globale, qui s'étale sur plusieurs années, est estimée à 707 milliards de francs. Pas loin de deux fois le budget annuel de l'Education nationale ! Par la suite, l'Etat est censé récupérer une partie de l'argent qu'il a mis dans la corbeille, lorsque des contrats de vente d'armes sont signés à l'étranger.

Rien que le fait même que l'Etat fasse la mise de fonds initiale constitue un sacré cadeau aux patrons, une espèce d'assurance tous risques pour les trusts. Quand leurs engins de mort ne trouvent pas preneurs sous d'autres latitudes, ou que survient un aléa quelconque, c'est l'Etat, disons plutôt les contribuables, qui en supportent les conséquences financières. C'est ce qui s'est passé pour un programme de Drones, des petits avions d'observation sans pilote, interrompu après que l'Etat a déboursé 600 millions de francs pour les recherches. Ou encore pour un programme de missiles antipistes où 2 milliards de francs se sont évaporés à peu de choses près de la même manière. A l'origine il devait être produit conjointement avec l'Allemagne, celle-ci a déclaré forfait, et au bout du compte 100 missiles ont été produits au lieu des 1500 prévus. Les industriels de l'armement n'aiment pas le risque, alors l'Etat s'en occupe.

Mais les choses vont encore plus loin ! Même lorsque des contrats sont signés, l'Etat " oublie " purement et simplement de récupérer les sommes qui, selon les conventions, devraient lui être restituées. Dassault a ainsi pu faire financer son Mirage 2000-5 destiné à l'exportation. L'Etat ne lui a pas réclamé les redevances prévues lors des ventes, qui se seraient montées à 500 millions de francs pour les 72 avions destinés à Taiwan et au Qatar. Et le rapport cite un programme de missiles, Mica, où le même scénario semble en passe de se reproduire. L'Etat abandonnerait à l'avionneur 250 millions.

Et ces sommes s'ajoutent à bien d'autres. Rien que dans le domaine de l'armement, il y a aussi le coût des matériels achetés à ces mêmes industriels par l'armée française, qui sont eux aussi une forme de subvention déguisée. Et puis, plus largement, il y a tout ce que les trusts reçoivent en aides directes sous divers prétextes.

La dénonciation par la Cour des comptes de tels agissements ne suffira certainement pas à les empêcher. Elle le dit elle-même, ses rapports restent la plupart du temps sans effets. Il faudrait, pour éviter de tels détournements de l'argent public, que la population et les travailleurs s'en mêlent. Car ce sont ainsi des sommes considérables qui sont dérobées au budget de l'Etat et atterrissent dans la poche des Dassault, Matra et autres.

Autant de centaines de milliards qui manquent cruellement pour financer les hôpitaux, les écoles, et tous les services utiles à la population.

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