Hôpital Sainte-Anne Paris : En mouvement28/01/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/01/une-1646.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpital Sainte-Anne Paris : En mouvement

A l'hôpital Sainte-Anne, hôpital psychiatrique de Paris, le mardi 18 janvier, les syndicats ont appelé à une assemblée générale où nous étions 92 ce qui ne s'était pas vu depuis quelques années. Surtout ce qui ne s'était jamais vu, c'était la présence d'une dizaine de collègues, infirmières, aides-soignantes, ASH de neuro-réanimation venues pour voter la grève. C'est comme cela, sur la colère de nos collègues, que l'AG a voté la grève. Nous avons décidé qu'en dehors de la réanimation, qui allait organiser sa lutte, le reste de l'hôpital qui n'était pas encore en grève serait appelé à un débrayage de 55 mn tous les jours, ce qui nous permettrait de nous rencontrer, de discuter, d'organiser les tours de service et de mobiliser les autres collègues de l'hôpital.

Mais pour commencer, à la demande de nos collègues de réanimation, l'AG s'est rendue dans leur service pour y rencontrer les responsables, médecin-chef et surveillante générale. A leur médecin-chef, elles ont pu dire qu'elles se mettaient en lutte aussitôt car elles en avaient assez de changer leur repos, de venir travailler pendant leur week-end de repos, de supporter le mépris de certains médecins et de travailler dans des conditions harassantes qui mettent la vie des malades en danger. Après que leur chef de service les avait assurées de sa complète solidarité, elles ont voulu aller voir la surveillante générale et là, le ton est monté. Elles lui ont reproché de n'avoir pas prévu un effectif suffisant pour le week-end de " grande garde ". Elles ont raconté les horreurs qu'elles ont dû vivre ces jours-là, la tenant pour responsable puisqu'elle n'avait pas cru souhaitable de faire remplacer les collègues absentes ces jours-là. Dans le contexte permanent de sous-effectif, une seule collègue absente suffit pour tout déséquilibrer d'autant qu'un jour de " grande garde " les patients qui arrivent sont presque tous en urgence vitale et il faut intervenir très rapidement.

Après cela, il restait le directeur, eh bien nous y sommes allés ! Le directeur, absent de son bureau, est vite arrivé. La colère des " réas " était si profonde qu'il a mesuré immédiatement le danger de contagion au reste de l'hôpital. L'une d'entre nous expliquait au directeur que sa logique financière n'était pas la sienne, que, elle, elle était là pour le malade et qu'il lui fallait des moyens et n'avoir pas à choisir parmi ceux qu'elle serait obligée de délaisser. Le soir même, le DRH et l'infirmière générale étaient dans le service. Ils se sont intéressés au planning et ont pallié le remplacement des absences par des intérimaires pour les tout prochains jours.

Depuis une semaine, la grève s'organise. Les " réas " ont affiché une pétition dans le service réclamant des effectifs, pétition signée largement. Elles sont très étonnées de découvrir que depuis ce mardi on les respecte, que l'atmosphère est moins lourde, que les médecins viennent plus vite quand elles les appellent, que l'administration se déplace et elles apprennent aussi à connaître car c'est seulement depuis moins d'un an que s'est créé le département de réanimation regroupant deux services auparavant isolés l'un de l'autre.

Elles ont accroché une banderole rue d'Alésia mais, à part envoyer des collègues au rassemblement journalier du reste de l'hôpital, elles continuent à soigner les patients. Elles demandent le renfort des autres services. Déjà la pharmacie s'est déclarée unanimement " pour la grève " sur une liste nominale apportée à l'AG, exemple suivi par la neurologie. Ces deux services envoient des délégués chaque jour au débrayage.

Chaque jour au débrayage nous sommes entre 30 et 50 personnes, souvent différentes, bien décidées à réussir ce que le directeur craint tant : étendre la grève à tout l'hôpital.

Dans l'immédiat, nous comptons être nombreux à faire grève et à manifester vendredi 28 janvier.

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