Depuis le 16 août 1999, de nouveaux horaires de travail sont appliqués dans différentes entreprises du groupe Chaffoteaux et Maury. C'est le résultat d'un accord d'aménagement et de réduction du temps de travail obtenu dans le cadre de la loi Aubry. Les patrons ont réussi à imposer l'annualisation et la flexibilité qui leur offrent toute latitude pour faire varier les horaires de travail en fonction des carnets de commandes.

A l'usine de Ploufragan, dans la proche banlieue de Saint-Brieux, en Côtes-d'Armor, où sont fabriquées les chaudières murales à gaz, l'année doit théoriquement s'organiser autour de périodes dites " de modulation haute " à 39 heures, des périodes " basses " à 34 heures en 4 jours, et des périodes " normales " à 34 heures et 12 minutes.

Depuis l'été dernier l'usine tourne à plein rendement, et le personnel de production n'a connu que la " période haute " qui a d'ailleurs été rallongée. En décembre, la période " normale " qui a suivi s'est traduite par une multiplication d'heures supplémentaires et beaucoup de contrats précaires. Depuis le 24 janvier, la semaine devrait être de 4 jours, le vendredi ne devant plus être travaillé en application de la modulation basse.

Or, la direction vient de signifier aux nouveaux embauchés que cette mesure ne s'appliquait pas à eux, et qu'ils " devaient faire des heures " (près de 70 heures pour certains !). En conséquence, ils devront travailler au moins 10 vendredis. Il paraît que c'est une clause de l'accord de l'ARTT. Clause ou pas, cette annonce a été très mal perçue. D'une part par ceux qui sont directement concernés, mais également par une partie du personnel qui commence à se rendre compte que la Loi Aubry permet aux patrons de faire ce qu'ils veulent.

Beaucoup de jeunes l'ont mauvaise, car lorsqu'ils étaient intérimaires (passage obligé avant une éventuelle embauche définitive), ils ont non seulement fait les heures de modulation haute, mais souvent bien plus, en venant le samedi. Pour eux l'accord d'ARTT, vanté comme exemplaire par la direction ainsi que par les syndicats signataires, apparaît comme une arnaque.Et c'en est une.