Nouvelle convention collective des banques : Les banquiers nous volent, les fédérations syndicales signent21/01/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/01/une-1645.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Nouvelle convention collective des banques : Les banquiers nous volent, les fédérations syndicales signent

Le 10 janvier dernier, l'AFB (le syndicat patronal de la banque) et les cinq fédérations (CGT, CFDT, FO, CFTC et SNB / CGC) ont apposé conjointement leur signature au bas de la nouvelle convention collective de la profession bancaire.

Ce nouveau texte est clairement en recul par rapport à la convention précédente, que les banquiers avaient dénoncée, critiquant son prétendu archaïsme et parlant de nécessaire évolution pour plus de modernisme.

Pour les patrons, on sait ce qu'évolution veut dire : cela signifie encore plus d'exploitation des salariés pour faire encore plus de profit. Leurs intentions étaient évidentes et il est d'autant plus lamentable que les fédérations syndicales aient, toutes ensemble, entériné une régression sociale.

Cette attitude n'a - malheureusement - pas constitué une réelle surprise. Dans l'affrontement de ces derniers mois avec les banquiers, nous avons pu mesurer, à maintes reprises, les limites dans lesquelles ces directions syndicales entendaient maintenir leur action.

Les fédérations n'ont pas véritablement organisé la lutte. Elles ont d'abord marché, pendant près d'un an et demi, dans le simulacre de négociations organisées par l'AFB.

Elles ont tardé à appeler à une grève d'envergure, interbanques, qui n'a eu lieu que fin novembre 1999. Ce fut d'ailleurs une journée d'action massivement suivie. Mais, pour la suite à donner à cette journée réussie, les fédérations ont à nouveau tergiversé, n'appelant que tard à une nouvelle grève le 15 décembre, qui fut d'ailleurs moins réussie que la précédente, mais où un nombre important de collègues se retrouvèrent néanmoins.

Ensuite, ce furent des négociations, avec l'AFB, entre Noël et le jour de l'an, que le personnel et les militants syndicaux de base ont apprises par la presse.

La première à indiquer, début janvier, qu'elle signerait le nouveau texte, a été la fédération CGT. Cette annonce a ouvert la voie à une signature de l'ensemble des fédérations.

C'était pratiquement la première fois que la CGT de la banque signait un accord. Beaucoup de militants, de syndicats et de sections de base ont, à juste titre, ressenti cela comme une véritable trahison. Et ce d'autant que leur " fédé " en a rajouté en lançant, après son annonce de signature d'ailleurs, une consultation bidon, dans laquelle elle s'adressait indifféremment à ceux qui avaient fait grève et aux non-grévistes. Refusée par nombre de militants, cette consultation a d'ailleurs été très peu organisée.

Les quatre autres fédérations syndicales, trop contentes de pouvoir citer en exemple la décision de la CGT, n'ont pas tardé à lui emboîter le pas.

Evidemment, les banquiers se frottent les mains. Au Crédit Lyonnais, par exemple, le PDG s'est aussitôt fendu d'une lettre enthousiaste à tout le personnel. Le journal interne de la direction a, pour l'occasion, largement cité les directions syndicales.

Dans le personnel, les réactions sont diverses. Certains ne cachent pas leur soulagement. " La nouvelle convention, expriment-ils, c'est quand même mieux que le Code du travail à peine amélioré ". C'est en fait de cela que les banquiers nous menaçaient en cas de non- signature. C'est précisément à ce chantage que les fédérations syndicales ont cédé, refusant de se poser (si ce n'est pour l'écarter aussitôt) le problème d'appeler à nouveau le personnel à la lutte.

Parmi les collègues qui ont fait les journées de grève et les manifestations, l'émotion est réelle. Parfois, dans leurs critiques, ils mettent dans le même sac les fédérations et les militants syndicaux de base, ceux-là mêmes qui ont milité pour la grève.

Or c'est précisément l'action massive du personnel qui a obligé les banquiers à améliorer leur texte au fur et à mesure, alors qu'il était vraiment minable au départ.

Tout cela doit nous servir de leçon. Il y aura inévitablement d'autres luttes, car les banquiers voudront toujours plus de profit. Il faudra alors renforcer le camp de ceux qui veulent vraiment agir contre le patronat bancaire, et mettre les luttes sous le contrôle des grévistes.

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