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- Lutte ouvrière n°1645
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Leur société
Dakar - le Caire : À pied, en voiture ou en avion, le même mépris des populations
Le rallye Dakar-Le Caire a repris sa ronde infernale. Le 11 janvier en effet, avertis d'un risque d'action terroriste au cours de la traversée du Niger les organisateurs avaient décidé de neutraliser une partie du parcours prévu et de transporter par la voie des airs, de Niamey jusqu'à la ville libyenne de Sabha, les 1 500 personnes de la caravane, avec 65 camions, 147 motos, 150 autos et 8 hélicoptères.
Ce pont aérien a mobilisé trois avions Antonov 124, les plus gros porteurs au monde, plus un Boeing et les 22 avions " habituels " du rallye. La seule inquiétude avouée par les dirigeants de la course était qu'on ne parvienne pas, dans cette région qui manque de tout, à acheminer suffisamment de carburant pour ravitailler cette armada aérienne.
Le rallye Dakar-Le Caire de cette année, comme ses diverses variantes depuis le lancement du Paris- Dakar, est un défi arrogant aux populations pauvres dont il traverse les territoires. Cette caravane bourrée de fric et de moyens techniques ultra-modernes écrase - parfois au sens propre du mot - les villageois riverains. Les défenseurs du rallye argumentent que cela les " fait vivre " pendant un an : certes, leurs poubelles doivent être un peu plus riches de ce que laisse derrière lui ce défilé mécanique carnavalesque.
Cette fois, le Niger a été survolé à partir de Niamey. L'opération aurait coûté 30 millions de francs, à elle seule, c'est-à-dire un trentième du budget du Niger, un cinquantième de ses importations ou de ses exportations. Mais cet étalage de richesse, ce gâchis ostensible et choquant, ne coûte rien ni aux organisateurs ni aux sponsors qui imputent ces dépenses à leurs budgets publicitaires, qui seront eux-mêmes facturés en fin de compte aux consommateurs. Car ce déploiement pétaradant n'est pas désintéressé.