Le dernier harem de la cour des sultans d'Istanbul fut celui du sultan Abdülhamit, renversé en avril 1909 à la suite de la révolution " jeune turque " par le général Chevket Pacha. Le sultan enfui, ledit général se présenta alors au harem pour annoncer aux femmes qui s'y trouvaient que désormais, elles étaient libres... Mais que pouvait être cette " liberté " pour des femmes qui avaient été achetées parfois dix ou vingt ans auparavant sur un marché du Moyen-Orient et avaient perdu tout lien familial, toute attache dans la société autres que celles de ce palais où elles étaient livrées au bon plaisir du sultan ?

Ce sont ces dernières années du harem qu'évoque le film, en co-production turco-italo- française, du réalisateur Ferzan Ozpetek. Des dizaines de femmes sont là, enfermées, ne pouvant sortir sauf parfois pour mourir, déchirées par les querelles et les jalousies qui ne peuvent manquer de naître dans cet espace clos. Il naît pourtant un amour, interdit bien sûr, entre l'une des femmes, Safiye, et le gouverneur du harem Nadir.

Cette description d'un monde qui meurt donne un film lent, mélancolique, mais aussi émouvant. Il sait évoquer à petites touches ce que pouvait être la vie dans cette institution, barbare et médiévale, égarée en plein vingtième siècle.