Lire : Autour de monuments aux morts pacifistes en France, de Danielle et Pierre Roy14/01/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/01/une-1644.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

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La guerre que les historiens appellent la " Grande Guerre ", cette boucherie impérialiste mondiale qui dura de 1914 à 1918, a frappé les esprits des contemporains par ses gigantesques hécatombes de soldats. Les offensives de Joffre en 1915, dont les Eparges, firent 600 000 morts dans les rangs de la seule armée française. La bataille de Verdun, en 1916, fit un million de morts, français et allemands. Celle de la Somme, déclenchée pour " soulager " Verdun, tua 400 000 soldats britanniques, 200 000 français, 300 000 allemands. L'offensive lancée par le général Nivelle au Chemin des Dames, en 1917, entraîna 150 000 morts, en l'espace d'à peine quinze jours.

Au lendemain de la guerre, pour commémorer ces massacres de masse, quelque 40 000 monuments aux morts furent érigés en France. Leur construction donna lieu à une véritable industrie, très profitable à certains, visant à orner la moindre commune, mais aussi les départements, les ossuaires et les champs de bataille.

La plupart de ces monuments sont patriotiques et guerriers, avec leurs coqs fièrement dressés, leurs drapeaux, leurs soldats s'élançant baïonnette au canon. Pourtant, certains reflètent à leur façon la grande révolte des populations contre la guerre et sont d'inspiration pacifiste. Quelques-uns, peut-être d'inspiration révolutionnaire ou communiste, sont internationalistes.

L'album de Danielle et Pierre Roy, intitulé Autour de monuments aux morts pacifistes en France et abondamment illustré, répertorie ces monuments qui dénoncent la guerre et ses morts. A l'époque où ils furent édifiés, les communes et les élus qui eurent le courage d'afficher leur horreur de la guerre, en pleine période d'ivresse chauvine reflétée par une majorité de va-t-en-guerre à la Chambre des députés, baptisée alors " Chambre bleu-horizon ", méritent le respect.

Mais finalement, en nous livrant leur longue et triste liste des victimes locales, chaque monument aux mort, y compris d'inspiration nationaliste, chauvine et guerrière, n'est-il pas à sa façon une violente condamnation de la guerre impérialiste, dans laquelle les bourgeoisies lancèrent les peuples les uns contre les autres pour le meilleur profit des capitalistes ?

Voilà un livre qui rappelle, à sa façon, ce qu'a été la guerre de 1914-1918 et comment elle a meurtri des générations. La guerre impérialiste, un danger toujours présent auquel le meilleur moyen de mettre fin réside toujours dans la préparation de la révolution prolétarienne.

Vincent GELAS

Autour de monuments aux morts pacifistes en France, de Danielle et Pierre Roy - éd. FNLM - Fédération nationale laïque des associations des amis des monuments pacifistes, républicains et anticléricaux, nov. 1999, 150 p., 120 F

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