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Dans les entreprises
La Poste Paris 16e : La marée jaune à la poste
Depuis la période des fêtes, le service messagerie de La Poste Paris XVI est littéralement englouti sous une marée de paquets. Chaque année, les facteurs chargés des paquets, pendant la période qui va de mi-novembre à fin décembre, doivent faire face à un afflux dû notamment aux commandes par correspondance des usagers pour les fêtes. Mais cette année cela a pris l'allure d'une véritable marée jaune. Le service de la messagerie est littéralement englouti sous les paquets. Mais pas plus que la marée noire, celle-ci n'est une fatalité, elle est le produit de toute une politique de réduction du personnel menée par La Poste depuis des années, aggravée encore récemment lors de la mise en place de la réduction du temps de travail.
Dans ce bureau, quand cette mesure est entrée en application, le 8 novembre dernier, la direction a supprimé une trentaine d'emplois sur 800, dont trois sur quarante dans le service de la messagerie. Cela peut paraître peu, mais ce sont trois suppressions de trop dans un service où, déjà auparavant, les facteurs croulaient sous la charge de travail, au point de donner envie depuis longtemps aux facteurs titulaires qui avaient le choix de fuir dans un autre service.
En prévision de cette période des fêtes, la direction ne s'est même pas souciée de prévoir des renforts, pas même pour remplacer les facteurs en vacances. Personne n'avait sans doute pensé à la prévenir que, cette année, Noël tombait en décembre...
Ce qui devait arriver arriva : ce sont des tonnes de paquets qui sont en attente, certains depuis début décembre, entassés dans des containers ou dans de simples sacs. Depuis près de quinze jours, seuls les paquets classés comme urgents (colissimo, dilipacks, etc.) sont livrés. Les autres ne sont plus distribués à domicile : aux destinataires d'aller les chercher eux-mêmes dans un bureau de poste proche de leur domicile. Ce qui donne un nouveau sens au slogan " Bougez avec La Poste " ! Des intérimaires ont été embauchés, pas pour aller porter les paquets, mais simplement pour rédiger les avis de passage envoyés aux usagers... De nombreux usagers attendent encore la livraison de leurs cadeaux ou de leurs fournitures de Noël. Dans certains cas, il s'agit de produits périssables, gibier, foie gras, huîtres. Il y a eu des refus.
Au bureau de poste, du fait des paquets entassés, il n'y a plus aucune place disponible dans tout le bâtiment du site de la rue Richepin. Le moindre espace sert de dépotoir, jusqu'au parking du sous-sol où trône une montagne de paquets. Certains des petits bureaux annexes sur lesquels les paquets ont été dirigés ont à leur tour envoyé des messages de détresse car ils commençaient à sombrer. Des camions remplis de paquets, provenant des centres de tri, ont été renvoyés tels quels avec leur chargement, et ils sont fréquemment revenus, ceux-ci ne voulant pas s'encombrer !
Devant l'énormité du problème, et les réclamations qui affluaient, la direction a proposé aux postiers dans tous les services des heures supplémentaires payées 200 %. On a même vu des cadres enfiler des blouses grises et mettre la main à la pâte sous le regard amusé des postiers, car leurs gestes ont eu plus pour effet de faire peur aux moineaux que de faire avancer le boulot. Un centre de tri parallèle a été créé dans le 18e arrondissement, dans un entrepôt discret où travaillent des cadres de La Poste et des intérimaires.
Pour essayer de faire patienter les usagers et endiguer les plaintes, provenant parfois, dans cet arrondissement cossu, de gens huppés, la direction a rédigé une lettre qui est jointe à l'avis de passage du facteur... qui n'est pas passé livrer. Elle explique que " des difficultés conjoncturelles " ne lui permettent pas de distribuer le colis à domicile. Camoufler le manque d'effectifs et l'incurie dont La Poste est responsable par des difficultés dont il faut comprendre qu'elles sont indépendantes de sa volonté, c'est gonflé.