Les couleurs de l'infamie est le dernier livre d'Albert Cossery, dernier parce qu'il vient de paraître et parce que son auteur a annoncé qu'il n'écrirait plus.

Comme pour des livres précédents (publiés chez le même éditeur), le cadre de celui-ci est Le Caire, ses maisons décrépies au bord de l'effondrement, et cette foule énorme de piétons à la recherche du petit rien lui permettant de survivre.

Le personnage central est un garçon qu'un début d'instruction n'a mené nulle part mais qui a eu la chance de rencontrer un professionnel du vol à la tire. Il en a été le disciple, brillant puisqu'il a bientôt dépassé le maître. C'est ainsi qu'il entre en possession du portefeuille d'un promoteur, dont l'immeuble sitôt inauguré s'est écroulé en tuant une cinquantaine de personnes. Il y trouve une lettre compromettante pour de hauts personnages et se retrouve ainsi avec une véritable bombe entre les mains...

Cette nouvelle est une charge contre les personnages au pouvoir en Egypte, les nantis du système, tous gens que Cossery déteste et méprise. Il a la dent dure pour dénoncer leur suffisance, leur corruption et il le fait avec un humour corrosif et un talent certain. Rien que pour cela, c'est un livre à lire.

D. J.

Les couleurs de l'infamie d'Albert Cossery, Ed. Joëlle Losfeld, 133 p., 85 F