La Couverture Maladie Universelle, que le gouvernement Jospin présente comme sa grande mesure sociale, entre en application. Mais une des premières constatations que font sans doute ceux qui font les démarches pour y avoir droit, c'est que cette couverture n'a d'universelle que le nom. Le gouvernement a soigneusement limité le plafond de ressources y donnant accès à 3 500 F mensuels, malgré la demande des associations de porter cette limite au moins à 3 800 F. Le Parti Socialiste avait même fait repousser un amendement en ce sens au moment de la discussion de la loi.

Ce n'est pas anodin, car cela permet d'exclure d'un coup tous les bénéficiaires du minimum vieillesse qui est aujourd'hui de 3 575 F. Cela est d'autant plus scandaleux que les personnes âgées et pauvres sont évidemment celles qui ont le plus besoin de soins. Encore faut-il dire, pour en rajouter sur la pingrerie du gouvernement, que ce seuil de 3 500 F est lui-même théorique puisque en sont déduits certains revenus sociaux, par exemple l'allocation logement avec un plafond de 300 F, ce qui peut faire un seuil réel de 3200 F.

Cette Couverture Maladie soi-disant Universelle est d'autre part bien loin d'être totale, comme le montrent les décrets d'application sur les remboursements. Les soins dentaires ne seront ainsi pris en charge que pour 2 600 F au-delà des tarifs de la Sécurité sociale pour une période de deux ans, sauf en cas " d'impérieuse nécessité ", formule dont on peut imaginer l'interprétation restrictive. Ce n'est certainement pas cela qui permettra d'éviter à tous ceux qui, depuis des années, doivent vivre et manger avec moins de 3 500 F par mois d'avoir des problèmes dentaires ! Les lunettes, elles, ne seront remboursées qu'à raison d'une paire par an, pour un prix allant de 358 F à 900 F. Quand aux prothèses auditives, la prise en charge au-delà des tarifs de la Sécurité sociale sera de 1600 F maximum tous les deux ans.

On le voit bien, cette CMU prétendument créée pour que tout le monde puisse se soigner a été soigneusement calibrée pour ne pas coûter trop cher au gouvernement, quitte à exclure des soins toute une partie de ceux qui en auraient besoin.