Une marée noire et un océan de profits24/12/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/12/une-1641.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Une marée noire et un océan de profits

Dix jours après la cassure en deux du pétrolier Erika, on n'en sait pas davantage sur les causes de l'accident. Mais seul le capitaine du bateau, de nationalité indienne, est toujours incarcéré à la prison de la Santé. Il est mis en examen pour " mise en danger de la vie d'autrui " et " pollution maritime ". Il a pourtant lui-même échappé de justesse à la mort, puisqu'il est parti en dernier dans l'hélicoptère qui a sauvé l'équipage.

L'armateur italien propriétaire du bateau est " introuvable " et la compagnie TotalFina qui affrétait le navire dégage toute responsabilité. " Il ne s'agissait pas d'un bateau-poubelle " affirme le responsable des transports maritimes de la compagnie pétrolière. Peut-être, mais il s'est tout de même brisé dans une tempête qui n'avait rien d'exceptionnel et a failli être un bateau-cercueil pour son équipage.

Tout ce qu'on sait sur ce bateau, c'est qu'il avait vingt cinq ans de navigation derrière lui, ce qui n'est pas illégal (30 ans maximum) mais tout de même assez vieux. Il n'avait pas de double coque, système qui aurait probablement évité un tel naufrage. Il naviguait sous pavillon maltais dit " de complaisance ", parce cette domiciliation bidon permet de faire des économies en matière fiscale, de réglementation et de droits du travail. Il avait changé de nom six fois et trois fois d'armateurs, comme bon nombre de ces bateaux qu'on recycle à l'infini.

" Tous les contrôles avaient été faits " affirme Total. Peut-être, mais justement quelle garantie offre ces contrôles ? " Tous les contrôles sont faits sur la base des certificats fournis par des sociétés de classification qui subissent d'énormes pressions de la part des armateurs " explique le président de l'Association des capitaines. " C'est ainsi que des navires à bout de souffle, maquillés sous une couche de peinture se retrouvent avec des documents parfaitement conformes. " Ensuite, il y a les inspecteurs, mais ceux-ci peuvent contrôler essentiellement... ces certificats fournis par les armateurs et les instruments de navigation. Ils ne peuvent pas contrôler la coque et la structure métallique du navire et celles de l'Erika n'avait pas été inspectées récemment. Enfin les inspecteurs, loin d'être indépendants, sont ceux... des compagnies pétrolières qui affrètent le navire. C'est donc l'utilisateur qui se contrôle lui-même.

Évidemment, les compagnies n'ont pas intérêt à faire n'importe quoi. La marée noire porte un peu préjudice à Total, pas tant pour ses pertes en pétrole - une goutte comparée à son fret annuel - ni pour les dommages éventuels (normalement payés par l'armateur), tout au plus pour son image de marque, le bateau ayant la mauvaise grâce de couler près de côtes touristiques.

Du point de vue des compagnies pétrolières, c'est le revers de la médaille. Côté pile, il y a les profits énormes faits à longueur d'année grâce au transport à vil prix et la surexploitation des marins.

Plusieurs voix se sont levées pour réclamer des contrôles plus stricts de la part des pouvoirs publics et une réglementation renforcée. C'est le cas de Dominique Voynet, qui s'est pourtant bien gardée de mettre en cause TotalFina. C'est même le cas de Démocratie Libérale qui passe d'habitude son temps à crier qu'il y a trop de fonctionnaires et de " contrôles tatillons ".

Qu'est-ce, sinon l'aveu que la logique du profit est irresponsable du point de vue de la collectivité, des salariés et de l'environnement ?

Christian BERNAC

25 ans après le vote de la loi Veil, l'interruption volontaire de grossesse reste un droit qui n'est que toléré et pas vraiment accepté, que beaucoup d'esprits arriérés rêvent de remettre en cause, et pour lequel il faut encore combattre.

Pour rappeler que les droits des femmes sont menacés, notamment à cause du chômage dont les femmes sont souvent les premières victimes, et qu'il est toujours d'actualité de défendre ces droits, le Collectif du droit des femmes, qui regroupe de nombreuses associations dont le PCF, la CGT, la LCR..., appelle à une manifestation samedi 15 janvier 2000, à 14 h 30 place de la Bastille.

Lutte Ouvrière appelle à cette manifestation.

Partager