Siemens (Toulouse) : Les 35 h en question24/12/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/12/une-1641.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Siemens (Toulouse) : Les 35 h en question

Siemens Automotive SA Toulouse, entreprise de plus de 2 000 salariés, dont environ 200 intérimaires et près de 400 sous-traitants in situ, étudie et fabrique des systèmes électroniques destinés à l'industrie automobile.

La direction y a entamé des négociations sur les 35 heures depuis le mois d'octobre. Elle a annoncé rapidement la couleur : il s'agissait de passer aux 35 heures en profitant de toutes les ficelles de la loi Aubry. Au menu : flexibilité et utilisation maximale des machines... et des salariés.

Par exemple, elle comptait utiliser la notion de " temps de travail effectif " pour réduire le temps de travail... sans le réduire : le temps de repas s'en retrouvait exclu pour les équipes, les pauses pour tout le monde, et les plages variables étaient réduites au strict minimum, histoire de ne pas interrompre sa sacro-sainte production. Cela permettait à la direction de dire qu'en équipes, nous ne travaillons que... 34 h 57 par semaine en moyenne, alors que nous passions 38 h 30 à l'usine. Dans son projet, on devait passer à 33 h 45 par semaine pour 36 h de présence de fait.

Pour une partie des cadres, la direction se proposait d'instaurer le " forfait journalier ", système qui permet de faire travailler 217 jours sans limitation d'horaires. Quant aux cadres horaires, pour eux c'était 37 h et non pas 35. Et en journée, la direction se proposait de pouvoir faire faire... jusqu'à 46 h de travail hebdomadaire en fonction de ses besoins ! Enfin, bien sûr, rien n'était dit en ce qui concernait les salaires ou d'éventuelles embauches compensatrices.

Dès le début, beaucoup d'entre nous ont vu ces projets avec méfiance. De nombreuses réunions de salariés ont eu lieu dans les services, d'où se dégageaient des revendications claires : pas d'exclusion du temps de repas du temps de travail pour les équipes, pas d'exclusion des pauses pour tout le monde ; maintien des horaires actuels avec leurs plages variables et réduction du temps de travail sous la forme de 22 jours de repos supplémentaires à prendre quand on veut ; pas de baisse ni de gel des salaires, et des embauches compensatrices.

La direction, devant ces réactions, a revu plusieurs fois sa copie : les pauses restaient comptées comme temps de travail " effectif " pour les équipes, mais pas pour la journée ; le temps de repas quant à lui restait exclu ; il y aurait des embauches, disait-elle. Mais elle parlait de requalifier des contrats précaires, pas de véritables embauches compensatrices, etc.

Le 24 novembre, une première assemblée générale avait lieu à l'appel de la CGT. C'est à 500 que nous nous sommes retrouvés pour en parler. Une pétition était décidée sur toute l'usine, qui recueillit en quelques jours plus de 700 signatures. A l'assemblée générale suivante, où nous étions 600 cette fois, il était décidé d'une demi-journée de grève pour aller porter cette pétition le jeudi 2 décembre.

Cette grève a été un succès : plus de 500 grévistes ont manifesté leur mécontentement. Entre-temps, les autres syndicats, timorés en diable, avaient fait savoir par tract qu'ils trouvaient l'accord acceptable, l'un d'entre eux traitant ces assemblées générales " d'agitation uniquement destinée à échauffer les esprits " : plusieurs salariés leur ont dit leur fait lors de l'assemblée générale, exigeant qu'ils viennent s'expliquer, ce qu'ils se sont bien gardés de faire !

Le 6 décembre, la direction convoquait à la va-vite un CE extraordinaire pour approuver cet accord sur les 35 heures. Une nouvelle assemblée générale, un peu moins nombreuse que les précédentes, ne s'en sentit pas de déclencher à nouveau la grève. A la surprise générale, les syndicats qui avaient dit qu'ils signeraient se sont abstenus lors de ce vote au CE : mais le soir même, en catimini, ils se retrouvaient dans les locaux de la direction pour apposer leur signature !

Ce n'est pas terminé pour autant.

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