Mieux vaut ne pas être pauvre et malade24/12/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/12/une-1641.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Mieux vaut ne pas être pauvre et malade

Selon l'enquête " Santé et protection sociale " de cette année, un assuré social sur sept n'a pas pu se faire soigner correctement en 1998, faute d'argent. Ce pourcentage est plus fort encore chez les chômeurs (30 %), les bas salaires et les personnes en situation précaire.

Ces statistiques illustrent ce que chacun sait. Pour bien des travailleurs, et encore plus pour ceux qui sont privés d'emploi, se soigner est un luxe. Les soins dentaires que l'on néglige, les lunettes que l'on ne change pas, le spécialiste auquel on hésite à avoir recours, c'est le lot commun de bien des familles ouvrières. Même celles où rentre un salaire.

Cette même enquête confirme que les chômeurs souffrent bien plus souvent que la moyenne de nombreuses maladies, comme les maux d'estomac ou les troubles intestinaux, sans parler des dépressions.

Le gouvernement, pas pressé, nous dit que cela va s'arranger avec la Couverture Maladie Universelle. A voir. Cette mesure permettra certes à six millions de personnes d'être un peu mieux prises en charge. Mais pas sur les dépenses lourdes, comme l'optique, les frais dentaires, qui laissent des sommes lourdes à la charge des malades sauf s'ils peuvent cotiser à une mutuelle. Et encore. Elle laissera intactes les causes de beaucoup de ces maladies qui frappent les plus pauvres et qui, indépendamment des difficultés à se soigner, résident dans leurs conditions même d'existence : l'angoisse du lendemain, la malnutrition, des logements parfois vétustes...

Le gouvernement pourrait largement s'inspirer d'une telle enquête pour cesser de parler d'une prétendue " surconsommation médicale " pour justifier les coupes claires qu'il fait dans les systèmes de santé et de protection sociale. Ce serait plus décent.

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