MET - Ericsson (Longuenesse - Pas-de-Calais) : 56000F par gréviste pour quatre jours de grève24/12/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/12/une-1641.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

MET - Ericsson (Longuenesse - Pas-de-Calais) : 56000F par gréviste pour quatre jours de grève

En novembre, le trust suédois du téléphone Ericsson annonçait sa décision de vendre au 1er janvier 2000 l'unité de production de Longuenesse à la société américaine Solectron, dans le cadre d'un plan de restructuration mondiale. 16 000 suppressions d'emplois sont planifiées dans le monde dont 40 % par externalisation des usines de production. Ericsson, comme bon nombre de trusts de l'informatique et des télécoms, a décidé qu'il était plus rentable de recourir à des sous-traitants dits " globaux ". Solectron est l'un d'entre eux. Cette entreprise américaine, qui compte 20 usines dans le monde et emploie 25 000 personnes, s'est spécialisée dans la fabrication des cartes électroniques. Elle possède une autre usine en France à Bordeaux (900 salariés) issue d'un " essaimage " d'IBM.

Ericsson a présenté cette vente comme la meilleure solution pour sauver l'emploi. Mais le prix à payer pour garder notre emploi n'est pas négligeable. Les syndicats ont publié un comparatif avec les salaires et primes pratiqués à Bordeaux. Et là, ça a été la douche froide : il y a 3 000 francs d'écart par mois pour une ouvrière travaillant en équipes et encore plus pour un technicien !

Au CE suivant, le PDG de Solectron déclarait crûment : " Nous travaillons à 5 % de marge alors qu'Ericsson travaille à 20 % ". Sous-entendu, pour assurer les profits de Solectron et du client Ericsson, c'est aux salariés de payer. Il confirmait son intention de dénoncer les accords d'entreprise dans un délai de 15 mois après le rachat. En guise de " compensation ", le 13 décembre, Ericsson annonçait le maintien des conditions de salaire sur 2 ans et une prime de transfert de 7 200 F uniquement pour ceux qui travaillent en équipes. Du coup, l'ensemble du personnel votait la grève en assemblée générale.

La production a été stoppée. La quasi-totalité des 483 salariés de l'usine était en grève, les ateliers et les bureaux. La direction tenta de calmer le jeu en portant la garantie de maintien des salaires à trois ans et une prime de transfert de 10 000 F brut pour tous. Mais cela fut jugé nettement insuffisant par l'assemblée générale et la grève fut reconduite.

Mardi 14, le conseil d'administration d'Ericsson, réuni au siège social de Massy dans l'Essonne, eut la surprise de voir arriver 85 travailleurs partis en car au petit matin de Longuenesse. Toute la journée ces messieurs de la direction purent entendre et mesurer la détermination et la colère des grévistes rejoints par une centaine de salariés de Massy. Pendant ce temps, les travailleurs restés à Longuenesse bloquaient la rue devant l'usine.

Après 4 jours de grève, la direction a fini par lâcher une prime de transfert de 56 600 F pour tous, tout en confirmant la garantie sur 3 ans du 13e mois, des primes d'équipes, d'ancienneté, de transport, etc. et la prise en charge des départs en préretraite jusqu'en mai 2001. Bref, en quatre jours nous avions obtenu huit fois la proposition initiale.

Le jeudi 16, nous étions encore nombreux à penser qu'il était possible d'obtenir plus. Mais il n'en était pas de même du côté des syndicats. La CGC, reprenant le chantage de la direction prétendant que notre mouvement allait faire capoter la reprise par Solectron, se désolidarisa du mouvement. Puis, le vendredi matin, la CGT et la CFDT appelaient également à la reprise du travail sans même organiser une assemblée du personnel.

Malgré cette défection des syndicats sur la fin, le sentiment qui l'emporte, c'est la satisfaction d'avoir obligé Ericsson à céder en partie.

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