Banques - conventions collectives : Les banquiers veulent imposer aux employés des reculs considérables24/12/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/12/une-1641.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Banques - conventions collectives : Les banquiers veulent imposer aux employés des reculs considérables

La journée nationale de grève et de manifestations du 30 novembre, à l'appel des cinq fédérations syndicales de la banque, a connu un réel succès : plus de 40 % de grévistes - de l'aveu même de l'AFB, l'Association Française des Banques - et 20 000 manifestants, avec un imposant cortège à Paris.

Cela a donné un coup de pouce - petit mais réel - pour quelques avancées dans la négociation, même si les banquiers revenaient, d'une séance à l'autre, sur des promesses faites oralement.

Après le 30 novembre, dans quelques villes de province, en particulier à Toulouse, la grève reconductible a été votée en AG. Mais ces mouvements isolés se sont vite essoufflés.

Beaucoup hésitaient à s'y mettre pour de bon. D'autant que les fédérations syndicales, engluées dans les discussions, tergiversaient.

Le personnel, et avec lui nombre de militants syndicaux à la base, avait du mal à s'y retrouver dans ce qui évoluait vraiment lors des discussions. L'information faite par l'interfédérale était lapidaire, imprécise souvent constituée d'appréciations du genre : " C'est en progrès ", " Blocage relatif ", " Satisfaisant ". Elle ne précisait en fait pas la portée réelle des discussions.

Les banquiers ne voulant pas céder grand-chose, et surtout pas sur l'essentiel, les fédérations ont appelé à une nouvelle journée de grève le 15 décembre, avec des manifestations régionales. Sans rééditer le succès du 30, la grève a néanmoins été réussie, plus en province qu'à Paris - où se trouvent concentrés les grands services de direction et les secteurs de spécialistes, avec donc beaucoup de cadres.

Au Crédit Lyonnais, la direction a annoncé 22,4 % de grévistes. C'était moins que les 40 % du 30 novembre, mais cela constituait un degré de participation important, comparé à toutes ces dernières années, où les milliers de suppressions d'emplois, les attaques de la direction contre les horaires, les conditions de travail et les salaires n'avaient provoqué que bien peu de réactions.

Après la grève du 15, dans quelques secteurs, en province notamment, la grève a été reconduite jusqu'au vendredi 17 décembre, jour que l'AFB avait défini comme date-butoir pour les négociations.

L'AFB considère que le texte du 17 au soir est donc à signer ou à laisser. Si aucune fédération ne signe avant le 31 décembre, les banquiers ont fait savoir que le Code du travail s'appliquerait, auquel s'ajouteraient quelques mesures constituant ce qu'ils baptisent " protocole social ".

Bref, l'AFB donne le choix entre le texte du 17 décembre (très en deçà de la convention collective actuelle) et leur protocole (encore en deçà du texte du 17 / 12).

Il s'agit là d'un chantage, d'un choix entre la peste et le choléra.

Le texte du 17 décembre met fin de fait à l'existence du point bancaire (qui servait de référence pour les salaires dans toute la profession) et à la prime d'ancienneté (à laquelle succède un ersatz très minimal). Sur des points-clés de l'actuelle convention, comme les congés de maternité, les conditions de licenciement, et bien d'autres, les banquiers ont procédé à des coupes claires.

Les cinq fédérations doivent se revoir, après avoir consulté leurs instances fédérales respectives.

Nul ne peut parier sur ce qui sortira de ces rencontres. L'unité des fédérations syndicales s'est en fait traduite par une grande timidité dans les modalités d'action proposées. Servira-t-elle maintenant de prétexte à un " Mieux vaut un mauvais texte que le Code du travail " ? Certaines fédérations, soucieuses de leur statut d'interlocuteurs du patronat, choisiront-elles de signer ? Ou y aura-t-il un sursaut d'ensemble contre le diktat des banquiers ? C'est à espérer.

En tout cas, aux yeux du personnel, les banquiers se sont montrés pour ce qu'ils sont : des rapaces, déterminés à nous nuire, et même à nous réduire.

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