Jeudi 2 décembre à Amiens, la situation dégénérait entre les jeunes du quartier du Pigeonnier et la police. Une partie de la nuit, ceux-ci se sont affrontés, échangeant bombes lacrymogènes et bouteilles incendiaires. De nombreux CRS, des pompiers, un hélicoptère étaient mobilisés. Plusieurs voitures ont été incendiées.

A l'origine de ces incidents, un règlement de comptes : le soir précédent, une dizaine de jeunes armés de battes de base-ball et de marteaux ont pénétré dans le dortoir du lycée professionnel Montaigne. Ils y ont blessé l'élève qu'ils recherchaient. Le lendemain, le règlement de comptes se poursuivait et une bande s'en prenait violemment aux voitures stationnées dans l'enceinte du lycée.

Dans ce quartier pauvre d'Amiens, l'intervention de la police a mis le feu aux poudres. Si les multiples barres de béton qui constituent l'essentiel du paysage du quartier ont été repeintes, les conditions de vie de ceux qui sont à l'intérieur n'ont fait que se dégrader ces dernières années. Le taux de chômage, toujours proche de 14 % à Amiens, est bien plus important dans ce quartier, l'un des plus pauvres du département. Et les jeunes, essentiellement des jeunes beurs, ont bien du mal à trouver du travail. Isolé du centre-ville, le quartier manque cruellement d'équipements de loisirs, de lieux de rencontre.

Les journalistes et les politiciens locaux ont fait mine de ne pas comprendre les raisons d'une telle explosion de violence de la jeunesse. Et pourtant, ce sont ces derniers qui votent régulièrement l'allocation de crédits publics pour l'embellissement du centre-ville commerçant et pour les établissements privés qui s'y trouvent. Les quartiers nord de la ville et leurs écoles souffrent, eux, depuis bien longtemps de moyens insuffisants. Alors il n'y a pas de quoi s'étonner du résultat.