Le 11 décembre préparer la riposte du monde du travail10/12/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/12/une-1639.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

Le 11 décembre préparer la riposte du monde du travail

On nous a beaucoup parlé ces temps-ci de l'échec de la conférence de l'OMC à Seattle.

Elle a échoué parce que les grands Etats n'ont pas réussi à concilier les intérêts contradictoires de leurs industriels et de leurs banquiers.

La presse unanime prétend que c'est une victoire des peuples d'Europe contre les monopoles américains responsables et profiteurs de la mondialisation ou défenseurs de la " mal-bouffe ". Pourtant les responsables du chômage et des licenciements ne sont pas seulement aux Etats-Unis, ils sont ici aussi. Ceux qui décident de fermer des entreprises qui ne leur rapportent plus assez, ou de jeter des milliers de travailleurs à la rue pour augmenter leurs profits, sont ici, des patrons bien français en majorité.

Ce n'est pas un quelconque capitaliste américain, mais Edouard Michelin, PDG des usines du même nom, qui a annoncé au mois de septembre la suppression de milliers d'emplois dans son groupe. Et Michelin n'est pas une exception. Depuis des années les Peugeot, les Bettencourt de l'Oréal, Vuitton du trust du champagne et des produits de luxe, parmi bien d'autres, ont vu leur fortune multipliée par la montée de leurs actions en Bourse et ont empoché des bénéfices énormes. Ils " réduisent le coût du travail " comme disent les économistes, c'est-à-dire qu'ils réduisent les effectifs et augmentent la charge de travail.

Le grand patronat est parvenu d'autant plus facilement à imposer aux travailleurs ces sacrifices qu'il y a été aidé par tous les gouvernements qui se sont succédé depuis la montée du chômage, y compris par les hommes politiques en qui le monde du travail avait confiance parce qu'ils se disaient " de gauche ". La loi Aubry, qui permet au patronat d'instaurer, avec l'annualisation des horaires, la " flexibilité " du travail, n'est que le dernier exemple en date de cette aide apportée par les gouvernements au grand patronat.

En outre, depuis vingt-cinq ans, le développement du chômage provoqué par cette politique patronale a servi de moyen de chantage pour amener les travailleurs à accepter la remise en cause de leurs conditions de vie comme de leurs droits. Combien d'entre eux se sont entendu dire : " Si tu n'es pas content, il y en a d'autres qui attendent pour prendre ta place ".

Eh bien, il faut briser ce cercle vicieux. Il faut que la classe ouvrière montre qu'elle n'acceptera plus cette situation, et qu'elle est prête à imposer au gouvernement et au patronat des mesures politiques qui s'attaquent au chômage en réduisant la part des actionnaires au profit de celle du monde du travail.

Au lieu de multiplier les subventions et de baisser les charges sociales d'un patronat qui a encaissé ces cadeaux et a licencié quand même, on peut utiliser cet argent de l'Etat pour créer dans les hôpitaux, les écoles, les transports en commun, les milliers d'emplois utiles qui font tant défaut à la population. On pourrait maintenir les prestations de la Sécurité sociale et augmenter vraiment les minima sociaux indécents que l'on réserve aux plus démunis. Au lieu de maintenir l'impôt sur les sociétés à un taux inférieur à ce qu'il était sous Giscard (qui n'avait pourtant rien d'un " homme de gauche " !) on pourrait imposer plus les profits capitalistes pour financer la construction de logements satisfaisants et accessibles à tous, ou pour financer des équipements sociaux.

Il faut absolument compléter ces mesures en interdisant les licenciements dans les entreprises qui osent supprimer des emplois alors qu'elles font des bénéfices.

Le gouvernement et le patronat n'accepteront cela que s'ils y sont contraints par les travailleurs en lutte.

La manifestation du 16 octobre a montré que cette perspective rencontrait un large écho parmi les travailleurs.

La journée de manifestations prévues le 11 décembre partout en France doit être une nouvelle étape de cette mobilisation de tout le monde du travail, mobilisation qui, si elle s'amplifie, pourra seule inverser le rapport des forces entre les travailleurs et leurs exploiteurs.

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