La seconde loi Aubry votée au parlement... mais pas pour les travailleurs dans les entreprises10/12/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/12/une-1639.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

La seconde loi Aubry votée au parlement... mais pas pour les travailleurs dans les entreprises

La " deuxième loi " Aubry sur les 35 heures vient d'être adoptée par l'Assemblée nationale en deuxième lecture, après avoir transité, selon le rituel institutionnel, par le Sénat. Des députés, et en particulier ceux du PCF, avaient clamé haut et fort qu'ils ne considéraient pas le projet satisfaisant, répétant à qui voulait l'entendre qu'ils feraient tout pour l'améliorer lorsqu'elle reviendrait devant l'Assemblée nationale.

Mais les réserves qu'ils faisaient portaient sur des détails secondaires, qui ne remettaient pas en cause ce qui constitue le noyau antiouvrier de cette loi : à savoir l'officialisation de la flexibilité, de l'annualisation qui permettent aux patrons de moduler à leur gré les horaires, de n'avoir plus à payer de majoration pour les heures supplémentaires, et cela sans même que les horaires hebdomadaires auxquels seront astreints les salariés soient obligatoirement allégés, lorsque les impératifs de la production l'exigeront. A savoir aussi que la mise en oeuvre de cette loi serait négociée branche par branche, voire au niveau des entreprises, ce qui, en parcellisant de la sorte la classe ouvrière, renforce les patrons dans les négociations. Voilà pour le volet concernant le monde du travail.

Celui concernant le patronat est beaucoup plus rose. Les patrons recevront des milliards supplémentaires sans même avoir l'obligation -même sur le papier- de procéder à des embauches.

Il est vrai que cette loi, dans la pratique, n'était pas destinée à assurer des embauches nouvelles, puisque, dans son principe même, elle est destinée à permettre aux patrons de rationaliser l'utilisation de leurs salariés. Mais Aubry et Jospin n'ont même pas fait semblant d'imposer aux patrons la moindre contrainte en contrepartie des milliards qu'ils recevront.

Les députés du PCF, à l'exception de trois d'entre eux qui se sont abstenus, ont voté le texte proposé par Aubry, dans lequel ils trouvent, selon L'Humanité du 8 décembre, des " avancées appréciables ". Oubliées les rodomontades entendues au lendemain du vote en première lecture de la loi Aubry. Mais à vrai dire cet " oubli " n'est pas une surprise.

Sauf que, dans le pays, les multiples grèves que suscite la mise en place, anticipée, des 35 heures, montrent que nombreux sont les travailleurs qui ne trouvent pas, à juste titre, que cette loi soit " une avancée appréciable " pour eux et qui entendent le dire aujourd'hui par la grève. C'est une façon, bien meilleure, de voter contre la loi Aubry.

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