ELM- Leblanc Drancy - Seine-Saint-Denis : Drancy, Stuttgart, Belgique licenciements pour les profits de Bosch10/12/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/12/une-1639.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

ELM- Leblanc Drancy - Seine-Saint-Denis : Drancy, Stuttgart, Belgique licenciements pour les profits de Bosch

A ELM-Leblanc (groupe Bosch), c'était jeudi 2 décembre que se tenait la dernière réunion du Comité d'Entreprise sur le plan de licenciements.

A nouveau, toute l'usine a débrayé pour protester. La séance du CE a été courte. Les syndicats contestant l'ensemble du plan de licenciements ont refusé de se prononcer à nouveau à son sujet (ils avaient déjà voté contre, quinze jours plus tôt), tout en exigeant une réunion du Comité d'Entreprise Européen. Car ce n'est pas au seul niveau d'ELMLeblanc, dont les affaires ne vont déjà pas mal du tout, mais à celui de l'ensemble du secteur chauffe-eau et chaudières en Europe que Bosch réorganise sa production entre ses diverses usines, pour accroître ses profits. La restructuration touche aussi l'usine allemande dont la production des corps de chauffe doit partir en Turquie, comme pour ELM, avec 160 suppressions d'emplois à la clef, et la Belgique où Bosch entend se débarrasser de son usine de chauffe-eau alors que ce secteur est pour le groupe en pleine expansion.

La direction n'a même pas pris la peine de proposer la moindre mesure supplémentaire à son plan social: aucune proposition de reclassement un tant soit peu sérieuse, aucune mesure concernant les travailleurs de plus de 50 ans mais n'ayant pas encore l'âge d'entrer dans le cadre des FNE.

Son seul souci était d'obtenir la signature des syndicats au bas d'un accord sur les 35 heures, car une telle clause est aujourd'hui de rigueur dans tout plan social qui se respecte. Mais si dans ce domaine le patron était prêt à modifier quelque peu les horaires annoncés, il n'était pas question pour lui de renoncer à exiger, pour ceux qui restent, flexibilité et blocage des salaires, au nom d'un prétendu sauvetage d'emplois, alors que c'est au contraire ce qui lui permettra de faire faire le travail avec des effectifs réduits. Si bien que les travailleurs de l'usine ont à nouveau manifesté leur opposition également à ce projet sur les 35 heures et que, du coup, aucun syndicat n'a accepté de signer.

Par ailleurs la direction avait, quelques jours avant la dernière réunion du CE, annoncé tout bonnement aux ouvriers des ateliers situés sur la commune de Bobigny, ceux dont la production devrait être transférée en Turquie, que les bâtiments où ils travaillent devaient être dégagés d'ici fin décembre. Elle s'apprêterait donc à mettre les ouvriers en congé dès le 8 ou 10 décembre, en attendant que leur arrivent les lettres de licenciement. La manoeuvre est cousue de fil blanc: comme la direction craint les coups de colère avec l'envoi des lettres, elle préférerait bien sûr que les ouvriers soient isolés chez eux à ce moment-là.

Autre attaque de la direction qui a entraîné notre riposte: jeudi 2 décembre, dès la fin de la réunion du Comité d'Entreprise, alors qu'un petit nombre d'ouvriers des ateliers de Bobigny restaient dans cette partie de l'usine que la direction veut balayer, tous les autres sont partis en cortège au tribunal de Bobigny, car le responsable de la CGT y était convoqué, accusé par la direction de « diffamation » : il avait commis le crime de contester les rapports fabriqués par la direction pour faire porter à une ouvrière la responsabilité de l'accident dont elle avait été victime. Le chef du personnel ayant dû reconnaître qu'il avait tenu la main de l'infirmière pour l'aider à écrire un rapport fort peu médical enfonçant l'ouvrière, c'est mal parti pour la direction.

Pour nous tous il est bien évident que l'attaque en justice contre le responsable de la CGT était une façon de tenter d'intimider les militants syndicaux dans le cadre de la bagarre en cours contre les licenciements. Le jugement n'aura lieu qu'en février, mais le juge a exigé d'ELM le versement immédiat de 10 000 F de caution, et nous sommes repartis du tribunal fiers de nous.

Inutile de dire que dans les ateliers de Bobigny plus personne ne travaille désormais.

En tout cas, le groupe Bosch n'est pas au bout de ses peines, et nous voulons le faire reculer. Et, si on n'arrive pas à empêcher les licenciements, au moins obtenir qu'aucun d'entre nous ne se retrouve jeté à la rue quasiment sans rien, mis à part l'indemnité de licenciement, et notamment sans que soient proposés des reclassements dans des emplois équivalents, ou sans mesure de préretraite pour les plus âgés. La lutte continue...

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