Radio France - 35 heures : Salariés et direction pas sur la même longueur d'onde!03/12/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/12/une-1638.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Radio France - 35 heures : Salariés et direction pas sur la même longueur d'onde!

La grève à Radio France aura duré dix jours qui ont fait reculer la direction, même si ce n'est que partiellement, sur son projet d'application des prétendues 35 heures. Dans l'audiovisuel comme ailleurs, la direction a voulu utiliser la mesure gouvernementale comme prétexte pour remettre en cause la convention collective.

Elle voudrait que chaque société (France 2, France 3, RFI, Radio France...) négocie séparément les jours de congés supplémentaires, le paiement des heures supplémentaires, les modalités d'une flexibilité qu'elle veut accroître. A terme, la convention collective ressemblerait à un vaste patchwork qui n'aurait plus de collectif que le nom.

C'est pour empêcher ce démantèlement, pour faire barrage aux mesures de flexibilité, de précarité et obtenir les embauches nécessaires que les salariés de l'audiovisuel public ont fait grève, toutes professions confondues, du producteur au technicien en passant par le personnel de surveillance.

À Radio France (c'est-à-dire entre autres France Inter, France Info, France Culture, France Musique, Radio Bleue, FIP et des radios locales), le conflit a duré et la direction - en l'occurrence Cavada, ex-animateur de La Marche du siècle - s'est montré moins vedette face aux 200 à 300 grévistes réunis chaque jour en assemblée générale que face à ses plateaux d'invités ! Surtout que nous sommes restés unis jusqu'au bout, bien que les dirigeants de la CFDT aient quitté l'intersyndicale dès le deuxième jour de grève afin de signer un protocole d'accord avec la direction sans en avoir rendu aucun compte aux grévistes - alors qu'ils étaient réunis deux fois par jour en AG !

Par cet accord, la direction promettait certes de créer plus d'emplois que prévu (175 au lieu de 125) mais se proposait aussi d'instaurer la flexibilité pour certaines catégories de techniciens et avalisait la remise en cause de la convention collective. Cette manoeuvre de la CFDT (qui n'a eu de cesse ensuite de faire de la propagande antigrève et de finir par un tract expliquant que nous aurions fait 7 jours de grève pour rien !) et les pressions individuelles multiples de la direction pour nous faire reprendre le travail, ne nous ont pas empêché dé continuer, avec la CGT. Cette ténacité a payé puisque le PDG Cavada a accepté, au bout d'une semaine d'antenne blanche, de recevoir une délégation de grévistes élue par l'AG et accompagnée de la CGT. I I a tenté alors de jouer le PDG trompé par son équipe de technocrates qui auraient «malencontreusement» oublié de faire référence à la convention collective dans l'accord signé avec la CFDT ! Un coup de bluff minable pour reculer, en essayant de ne pas perdre la face!

Certes, il n'a pas cédé sur l'essentiel puisque la flexibilité est conservée, mais outre les embauches supplémentaires (certes encore insuffisantes !), il s'est engagé par écrit à maintenir les salaires et les primes, les congés et les pauses repas, à ne pas faire passer l'intégration de CDD quasi-permanents en CDI pour des embauches nouvelles liées aux 35 heures, ainsi que d'autres points servant de garde-fous à toute remise en cause de la convention collective. Tout n'a pas été obtenu, mais la grève a permis de faire entendre notre colère, de montrer que tous les salariés peuvent s'unir dans la lutte. C'est dans cet esprit qu'un Comité de vigilance s'est créé à l'initiative des grévistes qui veulent se tenir informés d'éventuels nouveaux sales coups de ces 35 heures et être prêts à redémarrer le mouvement.

Partager