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- Lutte ouvrière n°1638
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Dans les entreprises
Peugeot (Mulhouse) : Les " 35 heures " : déguisement d'une exploitation accrue
À Peugeot Mulhouse, depuis début novembre, on est passé aux prétendues 35 heures. 35 heures ? La direction elle-même parle des 36 h 45, mais en réalité notre horaire moyen hebdomadaire est de 37 h 30, pauses comprises ! En plus, nous avons déjà un samedi sur huit de prévu pour rattraper les temps de pause que la direction ne veut pas compter dans le temps de travail. En outre, nous avons perdu douze minutes de pause par jour en moyenne (sept minutes par jour les semaines du matin, et dix-sept minutes les semaines d'après-midi).
En plus des deux équipes en doublage, la direction a créé deux autres équipes pour permettre une augmentation de la production. Ainsi, il y a maintenant une équipe de production de nuit, au Montage, ce qui ne s'était jamais vu dans cette usine. L'autre nouvelle équipe, dite SDL, c'est le samedi travaillé d'après-midi, suivi de deux nuits, dimanche et lundi.
Maintenant, les chaînes tournent donc 24 h sur 24. On produit des voitures en continu, et ce sans que le patron ait eu à investir le moins du monde dans de nouvelles machines ou une nouvelle ligne de montage. Simplement en faisant appel à l'intérim (2 800 intérimaires sur 14 000 salariés), avec de rares embauches et en aggravant encore les conditions de travail.
Avant que les chaînes tournent la nuit en Carrosserie, la nuit avait la réputation d'être un peu plus tranquille. Maintenant, le rythme de travail est devenu tout aussi fou que le jour, tout le monde travaille jusqu'au dernier moment. Beaucoup de voitures montées la nuit sont à retoucher : neuf heures d'affilée, de 20 h 30 à 5 h 30, c'est une torture, surtout la quatrième nuit, et le mécontentement est grand.
Les femmes sont de plus en plus nombreuses à travailler de nuit, souvent pour s'occuper des enfants le jour... Pour tous, ce sont des charges de travail de plus en plus insupportables, simplement pour produire encore plus de voitures. Dans certains secteurs, la direction se sert d'une diminution de la vitesse de chaîne pour augmenter nettement la charge de travail. En bref, c'est vraiment un énorme recul que le patron nous a imposé avec l'aide de la loi Aubry.
C'est aussi un grand recul sur la législation du temps de travail. Le temps de travail, calculé jusqu'à maintenant sur la semaine, sera désormais calculé sur trois ans : c'est la " tri-annualisation ". Les explications de la direction sont volontairement tellement embrouillées que tout le monde a l'impression que nos horaires actuels sont définitifs. Et pourtant, ils pourront changer d'un mois sur l'autre. L'aménagement du temps de travail au gré du patron pourra se traduire aussi par le travail obligatoire du samedi et des semaines pouvant atteindre 48 heures de travail.
En plus, la direction veut nous faire travailler cinq jours supplémentaires par an sans nous payer et utiliser des années après, grâce à un nouveau système de compte-temps, ces jours pour nous faire chômer. En plus de perdre le paiement des heures supplémentaires nous perdons là l'indemnisation du chômage partiel.
Dans la foulée la direction veut s'en prendre à nos congés 2000 : après les horaires flexibles, les congés flexibles. Au lieu de quatre semaines consécutives en été, elle veut nous imposer trois semaines seulement avec la quatrième semaine " volante ". Quand on sait les difficultés que l'on a pour poser des jours de congés, on peut se demander s'il s'agit d'une semaine volante ou d'une semaine volée. Pour " calmer les esprits ", la direction nous a annoncé dernièrement que nous pourrions prendre quatre semaines d'affilée par roulement, tous les quatre ans. Vraiment ça ne passe pas : la consultation qu'a faite la CGT dans les ateliers donnait plus de 90 % de travailleurs contre la réduction des congés d'été.
La direction met beaucoup de soin à ne dévoiler que petit à petit toutes ses attaques, ce qui fait que même si les travailleurs sentent qu'il y a une embrouille, ils ont du mal à mesurer quelle sera la réalité de demain et donc, à quel point c'est un recul.
Reste que la direction marche sur des oeufs et sait qu'on est sous pression. Elle a un besoin flagrant de voitures. Et il ne faudrait peut-être pas beaucoup de jours de grève pour qu'elle lâche du lest.